Un audit indépendant sera conduit dans les centres de recherche afin d'effectuer un état des lieux. Le renforcement de la ressource humaine dans le domaine de la recherche scientifique a été au centre des débats, lors de la conférence nationale des directeurs des centres et unités de recherche qu'ils soient ou non sous tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La direction de la recherche scientifique a organisé l'événement, hier, à Bou Ismaïl (Tipasa). «Il y a nécessité de renforcer les capacités humaines», a déclaré le Pr Mokhtar Sellami, directeur de la programmation de la recherche, de l'évaluation et de la prospective. Dans son intervention, Sellami a indiqué que le rôle de l'Etat est prépondérant. «Il faut encourager les jeunes talents dans les universités», a-t-il suggéré, et de poursuivre que «la formation continue des enseignants chercheurs est plus qu'indispensable, quitte à octroyer des bourses à l'étranger». Selon une étude, l'Algérie ne compte que 600 chercheurs pour un million d'habitants, alors que la norme internationale est de 2000 chercheurs/1 million d'habitants. Des pays comme le Japon sont à 5600 chercheurs pour un million d'habitants, la France en est à 4300. Le fossé est large et le constat parle de lui même. Se voulant très explicite, le même responsable a enchaîné avec les problèmes que connaît la recherche scientifique dans notre pays. «La situation socioprofessionnelle du chercheur n'est pas à même d'encourager l'innovation et la création», a souligné M.Sellami. Il explique aussi que la fuite des cerveaux est due principalement à cet état des lieux. Néanmoins, il estime que «cela n'est guère une raison pour fuir le pays». Par ailleurs, le professeur Sellami a plaidé en faveur d'un audit indépendant pour les centres et unités de recherches, afin d'arrêter un état des lieux, et définir les carences. «Un bilan ne peut être utile et crédible que s'il parvient d'un organe indépendant», dit-il. De son coté, le Dr Saif Eddine Labed, directeur des valorisations, innovations et transfert des technologies, a indiqué que l'Etat algérien doit s'impliquer davantage dans ce secteur. Pour cela, «il faut mettre en place une stratégie nationale de développement technologique», a-t-il insisté. M.Labed a regretté que la participation de l'Algérie dans la coopération scientifique internationale soit très faible. Hormis quelques liens de coopération avec, notamment, la Finlande, l'Afrique du sud et l'Union européenne, l'Algérie est en deçà du niveau de participation des pays voisins, à l'instar du Maroc et de la Tunisie. S'agissant de l'apport de la recherche scientifique dans le développement économique du pays, M.Labed a admis qu'«on a du mal à cibler les projets à valeur ajoutée» car, selon lui, «il n'y a aucune complémentarité entre les secteurs économiques et les centres de recherches ou les universités». Aussi, les acteurs socio-économiques doivent instaurer des mécanismes de rapprochement avec les établissements de la recherche scientifique, est-il indiqué. En marge des travaux de la conférence, M.Hafid Aourag, responsable de la direction de la recherche scientifique a déclaré que «la rencontre, se veut une occasion pour faire le bilan de la mise en place des programmes nationaux de recherche». Il faut évaluer les insuffisances et carences et tracer les perspectives de la recherche scientifique et du développement technologique, a-t-il ajouté.