Les partis politiques ont transcendé leurs clivages pour dénoncer les derniers attentats. Comme un seul homme, le peuple algérien a exprimé, hier, sa ferme condamnation des derniers attentats d'Alger. A la demande des associations représentant la société civile et des partis politiques, un rassemblement populaire a eu lieu hier à Alger, de même que plusieurs marches ont été organisées dans différentes wilayas du pays. La mobilisation des Algériens a été donc sans faille, telle une onde de choc qui s'est répandue dans les quatre coins du pays. De partout, l'on a scandé des slogans condamnant le double attentat perpétré mercredi dernier à Alger, ayant causé la mort d'une trentaine de personnes. A travers ces manifestations, les Algériens n'ont pas manqué de réaffirmer leur soutien indéfectible à la démarche de la «réconciliation nationale». «Non au terrorisme, oui à la réconciliation nationale» scandait-on à tue-tête parmi les dizaines de milliers de personnes qui ont pris part au rassemblement tenu à la salle omnisports (la Coupole) du complexe sportif Mohamed-Boudiaf d'Alger. La réconciliation nationale était le dénominateur commun par lequel se reconnaissaient tous les Algériens, qui ont transcendé tous les clivages partisans et se sont montrés unis et solidaires. Les partis politiques, principalement ceux de l'Alliance présidentielle, ainsi que la formation du PT ont aussi laissé de côté leurs divergences, pour dénoncer, d'une seule voix, le double attentat de mercredi dernier. Les citoyens rassemblés à la Couple -cette gigantesque bâtisse d'une capacité d'accueil de 6000 places et qui s'est avérée si exiguë pour les contenir- agitaient, dans la ferveur patriotique le portrait de Bouteflika, tout en stigmatisant le terrorisme. «Tous contre le terrorisme», «Non à la destruction de l'Algérie», «Avec le président pour une Algérie forte» sont les principaux slogans inscrits sur les banderoles aux couleurs nationales, agitées, sous les youyous des femmes et des appels à l'unité nationale des organisateurs. Autour de la salle omnisports était déployé un important dispositif de sécurité, alors qu'un hélicoptère de la police survolait les lieux de la manifestation. Rien n'était laissé au hasard. «Nous affirmons notre soutien inconditionnel au processus de réconciliation nationale», ont proclamé les organisateurs dans une motion, qui appelle, par ailleurs, les Algériens à participer massivement aux élections législatives du 17 mai en guise de réponse aux attentats d'Alger, revendiqués par la branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique. Les principaux leaders des partis politiques, des responsables de l'Ugta et de plusieurs associations ont pris place dans les tribunes officielles face à une assistance venue nombreuse pour dénoncer le terrorisme. Plusieurs ministres ont également pris part à ce rassemblement tels que Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, Saïd Barkat, de l'Agriculture ainsi que Amar Ghoul pour qui «le peuple n'a besoin d'aucune tutelle pour dénoncer à l'unisson les attentats de mercredi dernier». Le secrétaire général de l'Instance exécutive du FLN, M.Abdelaziz Belkhadem et chef du gouvernement, a été le premier à prendre la parole, affirmant que «l'Algérie d'aujourd'hui, forte de ses institutions et de son économie, vaincra le terrorisme... qui n'a pas réussi à faire plier l'Etat, même dans les années 90». «Nous disons à ces terroristes que vous ne réussirez pas à ébranler notre détermination et que nous poursuivrons la mise en oeuvre de la politique de réconciliation nationale», a-t-il ajouté. «Nous ne laisserons pas le champ libre au terrorisme ni à l'intervention étrangère», a aussi clamé M.Belkhadem. De son côté, M.Boudjerra Soltani, président du MSP, a souligné que «le rassemblement d'aujourd'hui signifie le rejet par le peuple algérien du terrorisme et de la violence et son soutien à la réconciliation nationale». Le terrorisme «a été dénudé de toute couverture légale ou morale, il n'a pas de projet d'avenir et sa fin est donc proche», a-t-il ajouté, relevant que l'Algérie «est forte par ses institutions et l'unité de son peuple». Pour sa part, M.Seddik Chihab, membre du bureau national du RND, relèvera que le rassemblement d'Alger était «l'expression de la solidarité du peuple algérien avec les institutions de l'Etat». Il a affirmé que le terrorisme ne pouvait avoir «aucun justificatif, surtout pas la pauvreté ou des conditions sociales difficiles». Pour sa part, la secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune, se félicitant de la grande affluence à la Coupole, a affirmé que «celui qui a visé les institutions de l'Etat, visait en réalité l'Algérie entière», voyant en ces actes «la main des ennemis de l'étranger, à qui déplaît le retour à la stabilité dans notre pays». Mme Hanoune a aussi estimé que la réconciliation nationale «n'a pas échoué» et qu'il «faut poursuivre» sa mise en oeuvre. Le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), M.Abdelmadjid Sidi-Saïd, et celui de l'Organisation nationale des enfants des chouhada, M.Tayeb el-Houari, ont également dénoncé les attentats de mercredi et soutenu la démarche de réconciliation nationale.