Israël a rompu la trêve par des incursions violentes à Naplouse qui ont fait au moins 9 morts en vingt-quatre heures. Alors que la rupture, par l'armée israélienne, du cessez-le-feu en vigueur depuis novembre de l'année dernière fait craindre le retour à la violence, la démission du ministre palestinien de l'Intérieur, Hani Al-Qawashmeh, présentée hier au Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, fait appréhender une nouvelle déstabilisation du gouvernement palestinien. Cela, d'autant plus que M.Al-Qawashmeh détient un poste-clé dans le cabinet d'union d'Ismail Haniyeh. Le chef du gouvernement a certes, refusé la démission, mais il semble qu'il faille attendre le retour à Ramallah, du président Abbas -en tournée en Europe pour solliciter la soutien de l'Union européenne au gouvernement d'union palestinien- pour trancher dans ce nouvel épisode de la crise palestinienne. Cela d'autant que le portefeuille de l'Intérieur -attribué à un indépendant jusqu'alors inconnu du champ politique palestinien- avait constitué l'un des blocages à la formation du cabinet d'union. Le Hamas et le Fatah se partagent la majorité des postes mais les ministères sensibles (Intérieur, Finances, Affaires étrangères) ont été confiés à des indépendants dans un cabinet entré en fonction le 17 mars. Annonçant la démission du ministre de l'Intérieur, le porte-parole du gouvernement, Ghazi Hamad a indiqué hier qu'«Il (Hani Al Qawashmeh) a présenté sa démission au Premier ministre mais ce dernier l'a refusée et l'a prié de rester à son poste». Cette démission était liée «à la situation au sein du ministère de l'Intérieur et aux obstacles auxquels il fait face» selon la même source. Le système sécuritaire palestinien constitue, en fait, le noeud gordien du pouvoir dans les territoires palestiniens avec leur émargement à plusieurs forces sécuritaires -souvent antagonistes- à des organismes différents comme la présidence de l'Autorité autonome, le Fatah ou encore le Hamas qui a créé sa propre force après sa victoire aux législatives en janvier 2006. A l'évidence, le problème du chevauchement des responsabilités dans le système sécuritaire palestinien n'est toujours pas résolu. Cette affaire intervient au moment où l'armée israélienne a multiplié, ces dernières semaines, les incursions en Cisjordanie avec le pic atteint samedi et dimanche avec la mort d'au moins neuf palestiniens tués par les forces d'occupation israéliennes. Des soldats israéliens avaient pris d'assaut samedi une maison de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, où étaient retranchés des membres des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa. L'armée israélienne a, par ailleurs, menacé hier les Palestiniens d'une incursion d'envergure dans le nord de la bande de Ghaza si les tirs de roquettes contre Israël ne cessent pas d'ici à 48 heures, selon des témoins. Des hélicoptères israéliens ont lâché des prospectus en arabe contenant le message de mise en garde, ont précisé ces sources. Trois roquettes ont été tirées dimanche contre le territoire israélien sans faire de victimes ni causer de dégâts. Le porte-parole du Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, Ghazi Hamad, qui a condamné ces attaques a appelé hier «la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il cesse ses crimes contre le peuple palestinien». Ces représailles ont occasionné le bilan le plus lourd depuis la trêve instaurée en novembre et qui avait effet, seulement à Ghaza. Israël avait observé, depuis novembre, ce qu'il appelle une «politique de retenue» avant de décider, le 28 mars, de reprendre les attaques contre les résistants tirant des roquettes depuis le nord de la bande de Ghaza. Au plan politique, il est annoncé une rencontre, samedi prochain au Caire, entre le président Abbas (actuellement en tournée en Europe) et le chef du Hamas, Khaled Mechaâl, a indiqué hier dans la capitale égyptienne, un responsable palestinien. MM.Abbas et Mechaâl ont conclu, le 8 février dernier, un accord de gouvernement à La Mecque, accord qui a permit de résoudre la crise qui a empêché la formation d'un cabinet d'union nationale. Selon la même source, le débat portera sur le «partenariat politique» entre le Hamas et le Fatah, dont Mahmoud Abbas est le président. L'accord Hamas-Fatah avait mis fin, rappelle-t-on, aux violences interpalestiniennes qui avaient, entre décembre et mars, fait plusieurs dizaines de victimes. Le cabinet d'union s'est donné comme objectif prioritaire de briser le boycott dont les territoires palestiniens sont l'objet depuis l'arrivée du mouvement islamiste Hamas au pouvoir. Toutefois, la démission surprise du ministre de l'Intérieur va encore compliquer davantage la mission d'un gouvernement qui reste fragile, alors que le problème de l'embargo contre les territoires palestiniens n'est toujours pas résolu.