Le candidat centriste met, en quelque sorte, sa voix aux enchères. Il invite Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal à relever son défi. Ni gauche, ni droite. Le candidat de l'UDF, François Bayrou sait cultiver le secret pour rester au centre de l'événement. L'homme le plus courtisé de France fait durer le suspense. «Je ne donnerai pas de consigne de vote», a-t-il affirmé, lors de sa conférence de presse d'après le premier tour, le mercredi 25 avril, à Paris. Bayrou laisse le libre choix à ses électeurs pour élire «en leur âme et conscience» le plus compétent des deux finalistes de la présidentielle. Exclu du second tour, ce fils de paysan nourrit une grande ambition. Consacré comme chef de la troisième force politique en France, le président de l'UDF ne veut pas descendre de cette tour d'ivoire. Il vise plutôt plus haut et ne se contentera pas d'un simple portefeuille ministériel. Il se prépare à l'étape suivante, les élections législatives de juin. Bayrou considère que son combat vient tout juste de commencer. C'est ce qui motive son refus de rallier, du jour au lendemain, les grands partis qu'il a toujours contestés. Pour lui, après plusieurs années au pouvoir, ni la gauche ni la droite n'ont prouvé leur efficacité. De ce fait, un changement du système lui parait indispensable. S'inspirant de la révolution orange en Ukraine, l'ex-candidat entend modifier les règles du jeu et dessiner un nouveau paysage politique. Et d'annoncer aussitôt la création d'un nouveau «parti démocrate». Ce parti, promet-il, refondera les institutions pour que le mot démocratie retrouve son sens. N'étant pas convaincu par les programmes de la droite et de la gauche, il refuse de leur vendre sa voix. Pour lui, ni Sarkozy ni Royal n'apportent de solution à la crise sociale et politique. Au candidat de l'UMP, il reproche son «goût de l'intimidation et de la menace», qui risque d'aggraver les déchirures du tissu social. Quant au programme de la candidate socialiste, bien qu'il le juge mieux «intentionné» il y va à l'encontre des besoins de la croissance économique. Un «débat transparent». Même s'il refuse de donner à ses partisans une consigne de vote, François Bayrou n'écarte pas de voter lui-même pour l'un des deux concurrents, le 6 mai. En tant qu'«homme d'ouverture», il accepte le principe d'un «débat transparent» avec Ségolène Royal, a-t-il dit. Ce serait pour lui l'occasion ou jamais d'imposer ses idées. Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud: son éventuel rapprochement dépendra de la volonté de chacun des deux finalistes à introduire ses propositions dans son programme. François Bayrou met, en quelque sorte, sa voix aux enchères. Il invite, en fait, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal à relever son défi. Ce dernier est convaincu de gagner à tous les coups. Preuve en est, il occupe actuellement le devant de la scène médiatique et politique en France.