Le centriste soutient la candidate socialiste mais… ne le dit pas. Il tire au bazooka sur Nicolas Sarkozy mais feint de ne pas savoir encore pour qui voter. François Bayrou a réussi son pari : être présent médiatiquement au second tour. Paris : De notre bureau Le débat a bien eu lieu, malgré les « pressions » de Nicolas Sarkozy. Le président de l'UDF et la candidate socialiste ont réussi l'exploit de débattre en direct sur une chaîne de télévision après des péripéties rocambolesques, les médias se rétractant à la dernière minute. La chaîne cryptée, prévue à l'origine pour l'organisation de ce débat, avait finalement renoncé en présentant des arguments peu convaincants, mettant à mal son indépendance et sa crédibilité. On voit mal comment la nouvelle chaîne BFM peut réussir brillamment là où Canal + fait semblant d'étaler son incapacité. Durant le débat, Bayrou et Ségolène Royal ont affiché des divergences sur le terrain économique, notamment sur la BCE ou le rôle de l'Etat, mais ils ont largement convergé sur la réforme des institutions, la relance de l'Europe, la sécurité ou encore l'éducation. A l'entame de la rencontre, la candidate a voulu cadrer la rencontre. Ségolène Royal a déclaré qu'elle souhaitait avoir avec François Bayrou un « dialogue très tranquille » plutôt qu'un débat, afin de « voir sur quels thèmes nous pouvons faire un bout de chemin ensemble ». Et précise qu'elle « n'attendait pas un ralliement, un coup de théâtre » en fin d'émission. « Je constate avec satisfaction que nous venons d'acter déjà des convergences sur la réforme des institutions, sur l'Etat impartial, sur l'Europe, la rénovation de la vie politique, les quartiers, les banlieues, la sécurité, l'éducation. Sur un certain nombre de questions, nous ferons un bout de chemin ensemble, sur d'autres nous continuerons à discuter », remarquera la candidate socialiste. Le président de l'UDF fait le même constat : « Si on voulait schématiser ce débat, on a des accords, on a des convergences du point de vue institutionnel de l'évolution de la démocratie française ; je suis en désaccord avec l'orientation économique. De ce débat, il ne sortira pas de ralliement. Je ne vais pas me rallier à Ségolène Royal, et Ségolène Royal ne va pas se rallier au centre. » Ce n'était pas le but de la rencontre. A part leurs divergences économiques, notamment les 35 heures, les deux débatteurs ont parfois été complices, surtout contre le grand absent Nicolas Sarkozy, accusé de connivence avec les grands groupes de presse. Le centriste et la socialiste veulent interdire aux groupes vivants des commandes publiques de posséder de grands médias, François Bayrou insistant sur les « pressions » qui auraient précédé ce débat. Relégué au statut de spectateur, Nicolas Sarkozy, le grand favori des instituts de sondage, n'est pas arrivé à cacher sa colère. Quelques minutes avant le débat, le candidat UMP avait d'ailleurs laissé paraître son dépit que BFM-TV soit parvenue à mettre sur pied le face-à-face télévisé, dénonçant « les petites combines » auxquelles s'apprêtaient à se livrer, selon lui, Ségolène Royal et François Bayrou « dans un hôtel parisien ». Il oublie sciemment de préciser qu'il a réussi à faire venir à lui les élus UDF en les menaçant d'aligner des candidats de l'UMP dans leurs circonscriptions et a négocié un deal avec le souverainiste Philippe de Villiers qui, malgré toutes ses promesses à ses électeurs de ne pas appeler pour le candidat de la droite, a donné des consignes de vote très claires.