Si on comptabilise toutes les journées où on a célébré la Journée de la femme, on aurait eu suffisamment de temps pour préparer la société à accepter non seulement une révision du Code de la famille, mais également à nourrir un comportement qui va dans le même sens. De nombreuses femmes, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, qui luttent, jour et nuit, pour que ce Code soit finalement abrogé sont catégoriques sur ce point. Changer la loi ne modifiera en rien les comportements. C'est pourquoi, il est impératif d'axer les efforts sur l'éducation et la promotion de la femme. «Une femme instruite défendra mieux ses droits», note-on, mais ce n'est certes pas suffisant. De nos jours encore, dans des milieux encore obscurantistes, la femme n'a toujours pas le droit à l'héritage. Hier, dans un lieu public à Alger, nous avions surpris une discussion entre deux jeunes hommes, la trentaine, qui n'essayaient nullement de garder leurs propos pour eux. Ils hurlaient, à qui voulait les entendre, que «chez eux», les femmes «n'héritent jamais», que c'est une question de «nif» et de «rejla». Ils expliquaient ensuite que la femme ne peut hériter pour que jamais un «étranger» - entendez par là son mari - ne vienne s'installer sur la terre paternelle. Ils s'extasiaient ensuite sur les temps révolus où, insistent-ils, «les femmes étaient battues et étaient expédiées chez leurs parents sans aucune explication». La situation est alarmante, de même l'a été le rapport du département d'Etat américain pour les droits de l'Homme. Ce dernier a brossé sommairement, mais violemment un tableau noir, dressant la condition de la femme en Algérie durant l'année 2001. Selon ce document rendu public lundi, on aurait, fréquemment, recours à la violence pour soumettre les femmes et pour les contraindre à se plier aux désirs des hommes. Il est noté, également, que la violence conjugale est un problème qui persiste toujours, particulièrement dans les milieux ruraux. «Il n'y a aucune loi spécifique contre le viol commis sur les épouses», a-t-on précisé pour ensuite ajouter que la femme ne peut porter plainte à cause des diverses pressions que la société lui fait subir. Aussi, toute plainte pour viol ou pour violences corporelles doit être accompagnée d'un certificat médical le prouvant. «Un processus que les femmes répugnent généralement à endurer», note-on par ailleurs. Sur un autre plan, le rapport a signalé nombre cas de viols commis dans des zones industrielles dus à des prêches religieux d'imams qui, s'interrogeant sur la raison qui pousse les femmes à travailler tandis que les hommes sont au chômage, incitent les jeunes hommes à commettre leurs forfaits. Il est noté, également, que les «extrémistes s'en prennent particulièrement aux femmes» et que les terroristes armés «kidnappent souvent de jeunes femmes, les mettent en captivité pour finalement les violer et les sevrer». Pour ce qui est du Code de la famille, le rapport déplore que la femme soit toujours «traitée en mineure sous la dépendance légale du mari ou du tuteur légal». Il est rapporté dans ce sens toutes les inégalités contenues dans ce Code concernant notamment le mariage, le divorce, la garde des enfants, etc. La question d'héritage est également relevée, de même tout ce qui touche à la discrimination. En matière d'emploi, le document précise que la femme est sujette à la discrimination à cause «des stéréotypes, très répandus, sur la place que la femme devrait occuper dans la société». Les femmes occupent, rappelle-t-on, environ 10% à peine du marché du travail.