Prostitution, commerce informel, trafic de drogue, violence et tutti quanti. Une étrange vague d'immigration clandestine africaine prend, ces dernières années, pour destination, la ville d'Oran. Un phénomène que les autorités n'arrivent ni à maîtriser, ni à en mesurer l'ampleur. D'autant que ce phénomène génère un certain nombre de fléaux qui vont crescendo. Prostitution, trafic des billets, commerce informel, trafic de drogue, escroquerie, violence et tutti quanti. Ce sont autant de phénomènes qui prennent des virages dangereux. L'immigration clandestine est un monde aux secrets impénétrables. Un passeport généralement falsifié et des billets en poche suffiraient. «Cet afflux des sinistrés est généralement dû à la conjoncture économique défavorable», affirment deux Nigériens rencontrés à M'dina Jedida. Ces sans-projet, venus d'Afrique subsaharienne en quête de l'eden européen via le Maghreb et plus singulièrement à partir d'El Bahia, peuplent désormais Oran. Dans un petit hôtel au coeur d'Oran, notre présence qui n'était pas attendue, n'a pas suscité les réticences de ces candidats. Plusieurs d'entre eux attestent qu'ils ont effectué un long et périlleux voyage. Un autre soutient d'un ton rêveur, qu'il ralliera l'Espagne. Une seule idée et une unique conviction: poursuivre le parcours vers l'Europe, quel que soit le tribut à payer. Mais, avant d'atteindre cet objectif, «je trouve refuge à Oran, le temps de me préparer au grand et dernier voyage». Ils sont nombreux à avoir été arrêtés, l'année passée. Au début de cette année et jusqu'à ce jour, la gendarmerie d'Oran a arrêté 52 immigrants clandestins dont plusieurs ont été écroués. Cependant, on signale que près d'un millier d'Africains vit clandestinement, à Oran. En mal de touristes, les petits hôtels louent, à des prix dérisoires, leurs services. Ces candidats ne déambulent pas pendant la journée. Ils préfèrent les cafétérias et salons de thé. Manière d'éviter les soupçons, voire les interpellations et autres tracasseries de la police et de la gendarmerie. Ils se manifestent surtout la nuit. En groupe, ils s'adonnent à la prostitution, drogue et trafic de faux billets. D'ailleurs, plusieurs candidats clandestins à l'immigration arrêtés sont impliqués dans des affaires liées à la prostitution, agressions, trafic de drogue et de billets. Récemment, un réseau de trafic de billet, constitué de plusieurs Africains, a été démantelé. Le recours à ces pratiques est stimulé par l'épuisement de leurs ressources financières. «C'est un voyage qui nous est revenu cher», ont souligné deux Maliens. Et on sait qu'ils sont nombreux à peiner pour assurer leur pain quotidien. Cette immigration inquiète plus d'un et plus particulièrement les Oranais. Cette situation s'accentue à la faveur du rejet par le Maroc et l'Espagne de l'immigration africaine. Ce qui a amplement entravé leur passage vers l'Europe. Les clandestins sont alors contraints de s'installer clandestinement à Oran.