Le phénomène de la migration clandestine au niveau des frontières ouest du pays est inquiétant. Les arrestations d'immigrants subsahariens dans la daïra de Maghnia (Tlemcen) sont devenues courantes. Tlemcen. De notre envoyé spécial Le renforcement progressif en moyens humains et matériels et l'installation de nouveaux postes avancés des brigades des Groupements de garde-frontières (GGF) dans cette ville frontalière, haut lieu de la contrebande et du trafic de stupéfiants, semble donner ses fruits. Une trentaine d'immigrants clandestins de différentes nationalités d'Afrique subsaharienne ont été arrêtés cette semaine par le 1er GGF de Maghnia. Ils ont été surpris dans leur sommeil, tôt dans la matinée de mardi, installés sur les berges des oueds Jorgi et Amfo. C'est là qu'ils se sont abrités, dans des campements de fortune, en attendant de passer la frontière pour ensuite tenter de gagner l'Europe. Cette arrestation a été le fruit de plusieurs opérations distinctes effectuées par les éléments des GGF de la wilaya de Tlemcen qui restent intraitables à propos de la lutte contre l'immigration clandestine. Ces derniers ont déjà procédé à des dizaines d'arrestations de ces « aventuriers », surtout depuis les événements de Ceuta et Melilla en Espagne, il y a plus de trois ans. Pour ces clandestins, en majorité des jeunes, Maghnia n'est qu'un tremplin pour tenter de trouver un « billet » pour l'eldorado européen. Mais leur rêve se termine à Maghnia. Leur projet d'immigration vers l'Europe ne se concrétisera jamais puisqu'ils seront prochainement déférés à la justice, qui ordonnera leur rapatriement ou leur refoulement. L'immigration clandestine s'accompagne souvent des autres formes de criminalité telles que la contrebande, le trafic de stupéfiants et d'armes, la contrefaçon, la prostitution, la falsification de documents. L'activité principale de ces immigrants clandestins reste d'ailleurs pour la plupart l'escroquerie ou le trafic de billets. En 2008, il y a eu une saisie de 2000 faux billets prêts à être utilisés à Maghnia. Cette ville est devenue le refuge privilégié de ces immigrants de diverses nationalités, qui épuisent leurs ressources financières et sombrent dans la paupérisation. Ceux que nous avons approchés hier peinent à nous répondre. Certains, qui ont refusé d'être photographiés, sont même agressifs. D'emblée, ils disent être maltraités par les éléments de la Gendarmerie nationale. Le commandant du 1er GGF a nié ces allégations, affirmant que ces arrestations se sont opérées dans le strict respect des lois de la République. Mécontents de leurs conditions de détention, ces clandestins disent tous souhaiter être placés dans des centres d'accueil. « Nous avons faim, nous ne connaissons même pas notre destinée », peste un jeune Camerounais, Bah Amadou, qui a dû interrompre ses études en raison d'un problème d'argent. « Je suis aussi Africain, je veux juste me faire un peu d'argent à Maghnia pour aller en Europe », dit-il. Mais cet « aventurier » a peut-être oublié qu'il est en situation irrégulière en Algérie. Cela étant, 780 litres de carburant ont été saisis par éléments des GGF de Maghnia. Ce phénomène tend aussi à prendre de l'ampleur dans cette ville proche d'Oujda, la ville marocaine la plus gangrenée par la contrebande. Le trafic de drogue au niveau des frontières ouest est toujours prospère. Selon des sources bien informées au niveau de la bande frontalière de Maghnia, les trafiquants de cannabis d'Oujda s'apprêteraient à se mettre prochainement à la culture de l'opium. Les trafiquants du Rif marocain auraient rasé pas moins de 25 000 ha de cannabis et seraient en train de les remplacer par la culture du pavot, selon notre source. Il est vrai que l'opium rapporte plus sur le marché que le cannabis. Si la culture du pavot dans le Rif marocain se confirme et si rien n'est fait pour contrer sa prolifération, il faudra s'attendre à ce que le territoire algérien soit envahi par ces plants. Depuis quelques années, la culture du pavot ne cesse de prendre de l'ampleur. Au moins 200 000 plants ont été saisis ces deux dernières années par les éléments de la Gendarmerie nationale dans la wilaya d'Adrar. Le granulat pour la culture de ce pavot parviendrait, selon les services de sécurité, des marchés marocains.