«Des familles attendent toujours le jugement des auteurs de l'assassinat de leurs enfants». Une journée chargée pour le secrétaire général du RND, qui avait animé trois meetings respectifs à Béjaïa et Tizi Ouzou. Ahmed Ouyahia a estimé, à Béjaïa, que «seul un investissement accru dans tous les domaines peut sortir le pays de la dépendance de la rente pétrolière». Intervenant dans un meeting électoral à la Maison de la culture de Béjaïa, le patron du RND, tout en s'inclinant à la mémoire des victimes du Printemps noir d'avril 2001, déclarera que «des familles attendent toujours le jugement des auteurs de l'assassinat de leurs enfants». Plus loin, l'orateur estimera que «tamazight a sa place dans la nation» et qu'il convient désormais d'orienter les efforts vers la production écrite et audiovisuelle. L'ex-chef de gouvernement s'est refusé à toutes surenchères, préférant un langage clair. Convaincu que rien n'est possible sans la paix et la stabilité, Ahmed Ouyahia parlera longuement du développement qui ne saurait être sans un investissement accru dans tous les domaines, débarrassé, il va de soi, des entraves bureaucratiques et blocages bancaires. Parlant de l'agriculture, l'orateur retiendra «un manque de vision» dans son développement et préconise une souplesse à l'égard des opérateurs du secteur, à l'image de la dette dont l'Etat peut supporter une partie et accorder plus de délais pour le remboursement. En matière d'investissement, Ahmed Ouyahia relèvera les 1000 milliards de dinars qui dorment dans les banques, pendant que le citoyen se voit refuser un crédit- pour un oui ou un non. Le pouvoir d'achat est l'autre sujet sur lequel s'est étalé l'invité de la capitale des Hammadites. «L'augmentation des salaires est bonne mais touche-t-elle tout le monde?», constate-t-il d'emblée. Au RND, on a privilégié l'efficacité d'où cette option jugée plus «porteuse». En réduisant les taxes sur les produits nationaux, notamment la TVA, la répercussion sera ressentie positivement par tous les Algériens, expliquait Ouyahia. La solidarité telle qu'elle est menée actuellement n'est pas efficace. La prime scolaire, citée en exemple, ne profite pas qu'aux parents démunis s'indigne Ouyahia. A sa place, il propose la réhabilitation de la bourse scolaire. C'est aussi une autre façon d'augmenter le pouvoir d'achat des citoyens. «Il faut préserver ce qui nous unit» dit-il pour expliquer à la fin qu'on peut diverger sur des questions économiques, sociales et politiques mais pas «sur l'amour du pays qui est commun à tous». «Nous avons accompagné le programme d'un président de tous les Algériens» devait-il préciser et c'est pour lui «une raison d'espoir». «Comme nous avons vaincu le terrorisme nous vaincrons le chômage et la dépendance» rassure-t-il. En début d'après-midi d'hier, le patron du RND a été accueilli par des militants déchaînés qui criaient Ouyahia président!. La musique assourdissante et certaines jeunes filles habillées comme pour une fête ont créé une atmosphère des plus festives. Le responsable de wilaya du RND, M.Tayeb Mokadem, et après l'hymne national, demande une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs et passe la parole à M.Ouyahia. Ce dernier, dans un kabyle des plus châtiés prononce un discours sans aspérité. Il commence par saluer la mémoire des jeunes morts durant les évènements de Kabylie et enchaîne pour parler des autres tourments traversés par le pays. Comme il évoque tamazight et parodiant Aït Menguellet, il s'écrie hier elle était orale, aujourd'hui elle est écrite!” et affirme, que de Tlemcen à Tamanrasset elle sera le ciment de l'unité nationale et se déclare contre l'utilisation politicienne de cette question. Parlant de la violence, M.Ouyahia commence par dire que «le terrorisme veut habiter le Djurdjura, ce Djurdjura d'Amirouche et de tant de martyrs. Cela personne ne le permettra». Ensuite et après avoir salué l'ANP qui combat ces criminels dans l'intérêt du pays s'écrie. Oui, contre le terrorisme je suis éradicateur! Puis de poursuivre en expliquant. Hier, ils disaient «on nous a volé nos droits ensuite ils parlaient d'islam et maintenant ils sont Al Qaîda! Dans nos villages il n'y a pas d'américains!» Et d'appeler tous les citoyens à la mobilisation et à la vigilance. Comme il souligne que le banditisme se doit d'être traité immédiatement avant qu'il ne devienne dangereux pour la stabilité du pays. Selon M.Ouyahia; le pays est désormais sorti de l'ornière et a changé en dix ans, et d'ajouter: «Le RND n'est pas venu pour vous dire qu'il est de l'opposition, mais donner son avis sur certains points et dire comment mieux faire!» La bureaucratie aussi est étrillée par le chef du RND qui propose l'allégement des dossiers administratifs avec par exemple la carte d'identité magnétique qui pourrait renfermer toutes les données dont le citoyen pourrait avoir besoin. «Pourquoi demander un certificat de nationalité à un algérien titulaire d'une carte nationale d'identité?», s'interrogera Ouyahia. C'est réellement la fin du signe indien qui pesait sur les rencontres et autres meetings de cette campagne à Tizi Ouzou.