Le patron du RND était jeudi à Tizi Ouzou pour appeler les Kabyles à voter oui au projet du président de la République. Dans une salle archicomble et avec près d'une heure de retard, Ahmed Ouyahia n'a pas tari d'éloges sur la région et ses hommes. S'il a rendu un hommage appuyé aux historiques, il n'a pas raté l'occasion pour glorifier Matoub Lounès et Massinissa Guermah. Dans son désir d'amener les citoyens de Tizi Ouzou à voter le 29 septembre, Ouyahia, avec un populisme sans faille, a joué sur la fibre sentimentale d'une assistance acquise et au milieu de laquelle plusieurs personnes ont voulu l'interpeller sur certains problèmes. « La peur règne encore à Takhoukht, à Aswel (Djurdjura), à Mizrana. La concorde civile a ramené 6000 terroristes, la charte ramènera sans doute 200 ou 300, mais ceux qui resteront seront supprimés par l'Etat », dira-t-il avant d'évoquer les familles victimes du terrorisme et les disparus qui, selon lui, sont à « l'œuvre des barbus ». Pour lui, la Kabylie a intérêt à apporter son soutien à la charte du Président si elle veut rattraper son retard et retrouver ses valeurs. « Nous ne sortirons pas du terrorisme pour entrer dans la terreur. Tout le monde doit se plier à la loi, sinon nous le casserons », dira-t-il sur un ton ferme après avoir évoqué les fléaux qui gangrènent la Kabylie et le banditisme rampant. « Je suis venu vous parler de votre destin. Si vous voulez la paix, la fin des injustices, la fin des fléaux sociaux, le retour de l'espoir, la solution est entre vos mains. Allez voter massivement le 29 septembre. L'Algérie est debout, mais elle est comme un nourrisson très fragile », affirmera le chef du gouvernement. Le calme du secrétaire général du RND sera perturbé par l'interpellation d'un délégué des archs de Ouaguenoun qui lui demande « si Benchicou est concerné par la réconciliation nationale ». Cachant à peine sa colère, Ouyahia allait se lancer dans une critique des démocrates « qui ont chanté, dansé et écrit pour tout le monde sauf Bouteflika, mais le peuple a choisi Bouteflika », avant de se reprendre et de répondre au délégué que chacun a le droit d'avoir son opinion et de la défendre. Le secrétaire général du RND a été hier à Béjaïa où il a animé un autre meeting de campagne. Dans une salle comble et après un accueil fait de louanges à la charte pour la paix et de la réconciliation nationale, M. Ouyahia s'est répandu en hommage à l'ancienne capitale des Hammadites et à la région de la Soummam, « haut lieu incontesté de la révolution ». Des réalités à rappeler, a-t-il fait remarquer, face à l'émergence de l'idée de l'autonomie. « Ces élans ne sont peut-être aujourd'hui que le fait d'individus, n'ayant pas d'impact sur l'opinion. Mais sachons retenir les leçons du passé. Il y a trente ans, qui aurait dit qu'un Algérien prendrait les armes contre un autre Algérien ? Nous devons tous serrer les rangs et barrer la route à tout ce qui pourrait se développer en motifs de déchirement pour la nation », a averti M. Ouyahia. La charte pour la paix et la réconciliation nationale n'est pas seulement une étape à franchir pour tourner la page du terrorisme, a-t-il par ailleurs plaidé. « La région qui ne souffre pas tellement du phénomène du terrorisme fait face au banditisme rampant. Nous devons mobiliser nos forces pour le combattre et nous ne pouvons le faire que si les efforts sont conjugués et le péril terroriste écarté. » Enfin, le numéro un du RND a réitéré son appel à la vigilance, voire à s'armer de « courage », car, estime-t-il, un attentat terroriste qui pourrait viser le torpillage du processus de réconciliation « n'est pas à écarter d'ici à la date du référendum ». Hachid Mourad, Mourad Slimani