Les patrons montrent des idées divergentes, tandis que les partis candidats à la députation défendent le seul programme du président. Ne dit-on pas que le capitalisme est poltron? Les patrons algériens ne montrent pas d'enthousiasme à l'égard des programmes économiques des candidats à la députation. Du moins certains d'entre eux. D'autres montrent des idées carrément divergentes, face à un seul souci: celui de remettre en marche la locomotive économique. «Nous faisons appel à tous les candidats pour une prise en compte des attentes de l'entreprise algérienne», lance Boualem M'rakach à l'adresse des partis en lice. «Ces mêmes attentes vont dans le sens du développement économique et s'inscrivent dans le cadre du pacte national économique et social», a-t-il précisé. Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) suggère de faire une jonction entre les législateurs et les opérateurs économiques afin de toucher la cible du développement économique. Son organisation, explique-t-il, avait des traditions d'échange et de coopération avec la Commission des finances de l'Assemblée populaire nationale. Quoi qu'il en soit, «la CAP compte oeuvrer dans le même sens afin de faire connaître les attentes des opérateurs économiques». D'autres patrons, à l'instar de Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), demeurent réticents aux sirènes des partis. Notre interlocuteur, joint par téléphone, tire deux simples leçons de tous les discours électoraux. Primo, tous les candidats présentent un programme qui s'articule à partir de celui du président de la République. Secundo, il est vrai que le volet gestion est important, mais les patrons attendent toujours du concret, fera savoir le président de la Cgea. C'est Nacer Eddine Kara, vice-président de l'Association des exportateurs algériens qui a décidé de brûler ces dernières cartouches, en réponse à nos questions. D'après lui, aucun parti ne fait preuve d'une véritable culture économique. Encore moins, a-t-il ajouté, une vision macroéconomique claire qui se fonde sur les piliers de l'exportation, «le véritable signe d'une bonne santé économique». Il a, sur sa lancée, désigné d'autres cibles, parmi lesquelles «la chefferie du gouvernement, qui, depuis la promulgation, dans le Journal Officiel, du texte de création du Conseil supérieur de la promotion des exportations, n'a jamais réuni les concernés». Une offensive menée avec le souci de redresser la barre et le volume des exportations hors hydrocarbures. Le porte-parole de la Cnpa, Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, pense, quant à lui, que le discours de certains partis a marqué une avancée. Mohand-Saïd Naït Abdelaziz classe les formations politiques en trois catégories. Des partis au speech démagogique, ceux qui veulent revenir sur l'ancien système et des partis qui s'inscrivent dans le juste milieu, c'est-à-dire au centre des préoccupations socio-économiques. Le président de la Cnpa se dit «prêt pour une économie sociale, mais pas au détriment de l'entreprise». Selon lui, quatre à cinq partis politiques se sont inscrits dans cette logique. Notre interlocuteur regrette une sorte d'émoussement du mouvement patronal. «On s'attendait à ce qu'il y ait un rapprochement pour défendre, en commun, les attentes du patronat auprès des partis candidats à la députation», déclare Mohand-Saïd Naït Abdelaziz. Ce dernier reconnaît «qu'il a fallu agir en rang serré, au lieu de faire de la surenchère comme cela se fait chez d'autres organisations patronales». Les divergences risquent de tourner mal, au moment où les candidats semblent s'entendre pour défendre uniquement le programme du président de la République.