2002-2003, lorsqu'il y avait seulement l'opérateur Orascom Télécom Algérie (OTA), constitue la meilleure période de régulation du marché. «L'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (Arpt) ne joue pas le jeu en matière de régulation du marché de la téléphonie mobile en Algérie», a estimé, hier, Mme Houria Lougar de la direction de la concurrence au ministère du Commerce. Invitée, hier, par l'Ugcaa, Mme Lougar a fortement «critiqué» cette autorité de régulation sectorielle qui, selon elle, est «directement la plus concernée par la régulation de ce marché». Ce n'est pas la première fois que l'Arpt se retrouve sous les critiques. En effet, le dernier conflit l'ayant opposée à Orascom Télécom Algérie, à propos de l'offre tarifaire Allo-OTA, n'est pas prêt de connaître son épilogue, sans oublier le cas de Lacom relevant d'Egypte Télécom qui a réduit son investissement de 20 millions de dollars sur les 62 prévus initialement. Même le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, M.Boudjemaâ Haïchour, ne l'a pas épargnée. Il faut que «l'Arpt respecte le cadre réglementaire qui régit le marché concurrentiel des TIC au regard de la loi, mais aussi au regard des engagements des opérateurs. Nous demandons à l'Arpt de ne pas aller dans un sens rigide et essayer d'être flexible et souple dans ses décisions, tout en se gardant de respecter la loi, en approfondissant l'étude des segments tarifaires des opérateurs quitte à avoir recours à une expertise étrangère» avait-il déclaré, à l'issue d'une réunion ayant regroupé, outre le ministre, l'Arpt, les opérateurs Orascom Télécom Algérie, Mobilis et Nedjma. Hier, les représentants de distributeurs de téléphones portables, notamment KpointCom et Algérika ont, également, laissé entendre que le marché de la téléphonie mobile n'est pas bien encadré. «Il y a un manque de régulation du marché, plus particulièrement durant ces deux dernières années», lance M.Azzedine Khadir, directeur général de Algerika, distributeur Master de l'opérateur Mobilis, distributeur officiel des produits Nokia et LG. Selon les chiffres avancés par M.Khadir, 350.000 puces ont été commercialisées en 2002 et correspondent à une importation légale de 300.000 téléphones portables. L'année 2005 a connu une forte croissance du marché, puisque pas moins de 10 millions de puces ont été vendues et 2,2 millions de portables importés. Cependant, une régression a été enregistrée en 2006. Le nombre de puces vendues a baissé à 6 millions et 2,6 millions de portables ont été importés. En tout, pas moins de 21 millions de puces commercialisées et 7 millions de portables importés entre 2002-2006. Pour M.Khadir, c'est un cycle logique puisque l'Algérie accusait déjà un retard en matière de téléphonie mobile. Il ajoute que la période 2002-2003, du temps où seul l'opérateur Orascom Télécom Algérie (OTA) était sur le marché, constitue la meilleure période de régulation. Toutefois, le conférencier a évoqué le phénomène de l'informel qui a représenté, durant la période 2002-2006, entre 30% et 40%, selon ses estimations. «C'est vrai que des mesures ont été prises pour lutter contre ce fléau et contrôler les importations des portables, mais il y a du travail qui reste encore à faire», soutient-il avant de préciser néanmoins, que ce fléau a baissé durant le 1er trimestre de 2007. Il a insisté surtout sur l'application stricte et rigoureuse de la réglementation en vigueur. De son côté, Aïssa Kassa, chargé de la communication au niveau du port d'Alger, a indiqué que les investissements directs du secteur sont estimés entre 3 et 5 milliards de dollars, soulignant que malgré le scanner, qui a coûté 16 millions de dollars, le phénomène gangrène l'économie nationale. «Il y a aussi la sous-déclaration, y compris par les opérateurs attitrés. Et je pense que le taux de l'informel dans le secteur est important et représente peut-être 70%», dit-il et d'ajouter que la situation est inquiétante d'autant que «les appareils servent, aujourd'hui, à la fabrication des bombes». Dans ce contexte, un dossier contenant toutes les informations sur ce sujet sera élaboré par les représentants de l'Ugcaa et les opérateurs du secteur et sera présenté au gouvernement, à l'APN et au Sénat pour débat.