M'chaâl chahid célèbre l'événement en présence des lycéens d'Alger. Les lycées Bidjaoui d'El Madania, Mohamed Boudiaf de Diar Essaâda, Bnou Haïtem du Ruisseau et le lycée Bobillot ont assisté, hier, à la Bibliothèque nationale d'El Hamma à Alger, à la commémoration des massacres du 8 Mai 1945. Ils étaient les invités de l'association du 11 Décembre 1960, M'chaâl chahid, qui organisait l'événement. La rencontre a été animée par des témoins de ce dramatique épisode de la période coloniale. Si Abdelhafid Amokrane, ancien ministre des Affaires religieuses, Mohamed Bouslama ancien officier de l'ALN dans la wilaya II, compagnon de Saout El Arab, le regretté Salah Boubnider, en présence de M.Ali Mahsas et de Ameur Rkhila. Ce dernier, enseignant en sciences politiques s'est montré très pédagogue pour expliquer aux nombreux lycéens les causes historiques de ces événements et leurs conséquences sur le déclenchement de la guerre de Libération. «C'est là le strict minimum que l'on est dans l'obligation de faire pour rendre hommage à nos martyrs», nous a-t-il déclaré. Hasard de l'histoire, le 62e anniversaire de la commémoration des massacres du 8 Mai 1945 est célébré 48 heures après l'élection du président de la République française, Nicolas Sarkozy. Le lien? Ces massacres sont le fruit du colonialisme français aveugle. Hasard du calendrier, la France fête son nouveau président dans la liesse, l'Algérie commémore, quant à elle, les assassinats et les enfumades du 8 Mai 1945. Elle rend hommage à ses martyrs. A ceux qui ont semé la graine de la révolution armée. De simples manifestants sortis revendiquer un peu plus de droit, un peu plus de liberté et de justice. Un triptyque qui a fait de l'Hexagone la patrie des droits de l'homme, une référence en la matière. Et pourtant c'est tout le contraire qui s'est produit. Si Abdelhafid Amokrane en est témoin. Etudiant à Sétif en enseignement libre. Il avait 19 ans. C'était un mardi, jour de marché. La manifestation pacifique, qui célébrait la Fête de la victoire sur le nazisme s'est ébranlée de la mosquée «Langar»; elle s'est dirigée vers l'artère principale de la ville, Rue de Constantine. Chemin faisant, elle atteint le café de France. Un jeune homme, membre des Scouts musulmans algériens brandit l'emblème national. Des coups de feu retentissent. C'est le drame. Saâd Bouzid tournoie sur lui-même et s'effondre. Un inspecteur de police l'a abattu de sang-froid. La manifestation pacifique tourne à l'émeute. Les villageois venus des bourgades environnantes, faire leur marché, Aïn Kebira, Bougaâ, Amoucha, Beni Aziz, Kherrata, propagent la nouvelle. La révolte s'organise. Du 12 au 13 mai 1945, les canons des bateaux français ont tonné sur les monts de Kherrata. Il fallait punir l'offense faite aux Français. Des sujets français réduits aux «khemassa» ont osé défié l'une des plus grandes puissance militaires du monde. Maurice Thorez et De Gaulle ont parle de la même voix. Réduire au silence les Algériens. Eliminer les Amis du manifeste et de la liberté. Circonscrire toute velléité révolutionnaire. L'étouffer dans l'oeuf. 45.000 morts. Il y en aura d'autres bien sûr. Cela sera le prix de la liberté. «Les Algériens ne relèveront pas la tête pendant au moins 10 ans» ont déclaré les autorités coloniales de l'époque. Le sursis n'aura duré que 9 ans. Novembre 1954. De jeunes Algériens en ont décidé autrement. Ils ont pour noms: Ben M'hidi, Amirouche, Abane, Boudiaf, Krim Belkacem...