Issad, Tayeb Louh, Khalida Messaoudi et Benzaghou semblent être les mieux indiqués. Quatre personnalités ont été mises sous les feux de la rampe depuis plus d'une année par les conditions socio-politiques qu'a vécues le pays. Ces personnalités ont la particularité commune de se situer hors des circuits «méandriformes» du pouvoir. Aussi, les observateurs politiques estiment que leur désignation à la tête des ministères peut redonner un crédit certain à deux institutions sensibles et pas des moindres: la Justice et l'Education. Dans ces deux secteurs précisément des réformes prometteuses ont été engagées, mais elles traînent dans les tiroirs. Faute de technicité ou de courage politique? Dans les deux cas, le Pr Issad, Tayeb Louh, Khalida Messaoudi et le Pr Benzaghou semblent être les mieux indiqués. Ali Benflis, qui n'a pas encore rendu publique la composition de son staff gouvernemental, a-t-il, en termes d'efficacité, les coudées franches pour désigner des ministres capables de mener ces réformes annoncées en grande pompe? Dans le secteur de l'Education, les observateurs annoncent deux personnalités : le Pr Benzaghou et l'ex-n° 2 du RCD, Khalida Messaoudi. La nomination du Pr Benzaghou à la tête du secteur signifie lui donner la possibilité de mettre en oeuvre les propositions de réforme en profondeur du système éducatif. Aujourd'hui, il est évident qu'il s'agit d'abord de contrôler l'échec scolaire, estimé à plus de 60% puis rendre plus performant ce système devenu un gisement inestimable pour les milieux islamistes. Dans ce sens, Benzaghou, actuellement recteur de l'université de Bab Ezzouar et issu du milieu de l'éducation, se place en technocrate. De ce fait, il prend une certaine longueur sur Khalida Messaoudi qui, elle, maîtrise le dossier du point de vue politique. Déjà à l'exécutif du RCD, elle s'occupait du dossier en question. Ayant une large vision et connaissant les difficultés du secteur, Khalida en a fait son sujet de prédilection lors de la campagne électorale pour les législatives de 1997. Cela sans compter qu'elle fait partie, elle aussi, de la commission pour la réforme du système éducatif. Pour la justice, la particularité réside dans l'extrême sensibilité conjoncturelle du secteur. En revanche, le processus est presque le même entre le Pr.Issad et Tayeb Louh. Le premier avocat et le second magistrat et donc tous deux du secteur de la justice. Issad est praticien, Louh est syndicaliste. On retrouve à peu près le même schéma que celui de Khalida la politique et de Benzaghou le technocrate pour l'éducation. Louh, actuellement à la tête du SNM (Syndicat de la magistrature), a, durant toute sa carrière, milité pour la séparation du pouvoir judiciaire du politique. De son côté, Issad, juriste reconnu, indépendant, loin des arcanes du pouvoir, incarne le parfait technocrate du secteur. En tant que président de la Cnrj (Commission nationale pour la réforme de la justice), il a fait des propositions de fond tendant vers l'indépendance de la justice. Elles sont restées curieusement lettre morte, malgré la gestion du secteur par un homme «bulldozer» nommé Ouyahia. Issad, le professeur «passionné», semble peu enclin aux postes qui le propulseraient aux devants de la scène. La «dure» expérience qu'il a eue à la tête de la commission d'enquête sur les événements de Kabylie, aurait motivé son refus de présider la Cnpcl qui lui a été proposée bien avant Bouchaïr. Il reste que si Benflis doit choisir entre les deux personnalités (Issad ou Louh), la balance pencherait sûrement du côté du syndicaliste fraîchement élu député FLN.