A peine la présidentielle ferme sa porte, le débat sur les législatives prend le relais. Les Français ont décidé: la République ne sera donc pas Royal. Le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a été plébiscité par 53,06% des suffrages des Français contre 46,94% pour Mme Royal. La victoire de Nicolas Sarkozy n'est pas une surprise, mais une confirmation. Tout au long de la campagne, Nicolas Sarkozy n'a cessé de confirmer son statut de favori. Arithmétiquement, l'homme de la droite a bénéficié d'un apport considérable des sympathisants des autres partis, notamment de l'extrême droite et du centre. Il passe ainsi de 31,5% au premier tour à 53,06% au second, soit 21 points de plus. Les 13% des voix de l'extrême droite ont visiblement pesé lourd dans ce deuxième tour. Les militants de De Villiers et de Jean-Marie le Pen auraient voté Sarkozy à 64%, selon les premières estimations. C'est d'ailleurs un revers pour le chef du Front national qui avait appelé ses troupes à «s'abstenir massivement» au second tour de la présidentielle. Le taux élevé de la participation, plus de 85%, prouve que l'appel du leader de l'extrême droite n'a pas été écouté. Sarkozy accroche, une nouvelle, fois son frère-ennemi Le Pen. Les sondeurs et les éditorialistes étaient unanimes à dire que le naufrage de Le Pen, au premier tour du 22 avril, est dû au balancement des électeurs du FN vers la droite. Quant à l'électorat de François Bayrou, 40% auraient reporté leurs voix sur Nicolas Sarkozy, 38% pour Mme Royal, les autres se sont abstenus. En outre, un bon nombre de députés UDF ont rejoint les rangs de l'UMP. Le leader centriste aura, si ces chiffres se confirment, beaucoup de mal à concrétiser son projet de nouveau parti, le Mouvement démocrate. Le débat télévisuel du 2 mai a consolidé la position de l'Umpiste. Il a, sans aucun doute, fait basculer en sa faveur, les intentions de vote. Les politologues ont estimé que Sarkozy, avait alors traité le fond des problèmes et proposé des solutions concrètes, contrairement à sa rivale qui avait «survolé les sujets». A l'orée de toutes ces donnes, les prochaines législatives annoncent une autre bataille électorale. L'enjeu sera de taille. Ayant la majorité dans l'actuelle assemblée, l'UMP jouera toutes ses cartes pour confirmer son statut. D'une pierre, deux coups. Confirmer sa majorité parlementaire et donner plus de légitimité au nouveau président, Nicolas Sarkozy. Il reste maintenant à savoir si les Français seront prêts à donner le plein pouvoir à un seul parti politique. Une hypothèse à ne pas écarter. Afin de concrétiser ses projets et appliquer son programme, Sarkozy aura besoin du soutien de toutes les institutions politiques de la République. Un autre scénario est envisageable: les Français voteront pour la gauche et/ou le centre pour créer un équilibre politique et limiter les pouvoirs au président. Dans ce cas, Sarkozy n'aura pas carte blanche durant son mandat. Le successeur de Jacques Chirac est, comme à son habitude, confiant. «Je vais vous conduire vers d'autres victoires», a annoncé Sarkozy à ses électeurs. La défaite de Ségolène Royal est, réellement, un échec pour toute la gauche. Seule une éventuelle alliance de la gauche «plurielle», pourrait permettre à ce courant, de décrocher la majorité dans la prochaine assemblée. Pour François Bayrou, c'est une épreuve de santé politique. Une occasion de remesurer son poids. Le chef de l'ancienne UDF risque très gros. Il y a lieu de s'interroger si M.Bayrou réussira à créer son parti, sensibiliser les citoyens et faire campagne pendant une aussi courte période. Notamment après le retour au bercail de ses sympathisants qui ont voté pour Sarkozy au deuxième tour. Quant à Jean-Marie le Pen, il va entrer dans une bataille perdue à l'avance. Il risque de subir un autre échec fatal, notamment après le coup de tonnerre de Sarkozy et les résultats maigres du Front national lors de cette présidentielle. Enfin, le taux de participation, 85%, témoigne, de belle manière, la réconciliation des Français avec la politique. Un score qui confirme celui enregistré au premier tour (83,77%). C'est aussi bien qu'en 1981. Il reste à confirmer cet engouement lors de la prochaine épreuve électorale.