La ville de Bgayet a été, ce week-end, le théâtre de scènes de violence qui en disent long sur l'orientation vers laquelle tend le mouvement citoyen. La venue des délégués dialoguistes dans cette ville est à l'origine de cette situation des plus inquiétantes caractérisée par des émeutes à hauteur du lycée Ihaddaden, lieu d'hébergement des dialoguistes et du TRB, lieu de la rencontre, ainsi que le lynchage des trois dialoguistes. Une véritable chasse à l'homme a été organisée durant tout le week-end donnant lieu à des actes regrettables entachant à plus d'un titre le caractère pacifique du mouvement citoyen qui verse, ainsi, dans l'extrémisme au grand regret d'une population qui reste médusée et perplexe avec cette sensation d'être dépassée par les événements. Tout a commencé mardi, jour de l'annonce par le porte-parole déchu des dialoguistes, Salim Alillouche, d'une rencontre avec la population au TR de Béjaïa. Une véritable effervescence s'est alors emparée des délégués communaux qui, après moult concertations, ont décidé d'un sit-in sur le lieu de la rencontre avec l'objectif de la faire avorter. Parallèlement, les délégués des quartiers de la ville de Béjaïa, se sentant plus concernés que les autres, arrêtent, à l'issue d'une réunion, la tenue d'un meeting populaire sur l'esplanade de la maison de la culture de Béjaïa pour sensibiliser les citoyens à prendre part au rassemblement d'empêchement prévu le jour de la rencontre. L'on a assisté durant la journée de mercredi à une véritable course contre la montre. Des concertations tous azimuts sont entreprises entre les délégués. Le lendemain (jeudi), une incroyable chasse à l'homme est organisée. A bord de véhicules, les délégués sillonnaient les artères de la ville de Yemma Gouraya à la recherche des dialoguistes. Trois délégués dialoguistes seront surpris et feront l'objet de lynchage. Un d'entre eux, en l'occurrence Tacheraft Md-Chérif n'a dû son salut qu'à un citoyen qui l'a évacué vers l'hôpital. Deux autres dialoguistes subiront le même sort jeudi. L'information, faisant état de la réquisition du lycée Ihaddaden pour leur hébergement, a été donnée au cours du meeting tenu dans l'après-midi du même jour et à l'issue duquel plusieurs dizaines de jeunes, surchauffés, se sont dirigés vers le lycée pour y pénétrer. N'eût été l'intervention des services de sécurité, cet établissement aurait été saccagé. Un échange d'hostilités eut lieu dans la nuit de jeudi à vendredi. Hier encore, les mêmes scènes d'affrontement ont été enregistrées sur le lieu de la rencontre. Les dialoguistes accompagnés, selon des sources crédibles, des squatters des logements sociaux ont réussi à pénétrer dans l'enceinte du TRB. Vers dix heures, Salim Alillouche arrive sur les lieux et ne réussit à rejoindre ses camarades que difficilement. Son véhicule subira la furie des jeunes qui n'ont pas cessé, hier, de scander des slogans hostiles au pouvoir et aux dialoguistes avant de s'en prendre à l'édifice. Les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser les jeunes frondeurs qui ont battu en retraite pour dresser des barricades sur les axes menant vers le TRB. Ces troubles se poursuivent à l'heure où nous mettons sous presse.