L'Espagne a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de l'Espagne. » C'est en ces termes diplomatiques que s'est exprimé l'émissaire du gouvernement espagnol à Alger, Pedro Solbes, au sujet des négociations sur le réajustement des tarifs du gaz ainsi que sur l'accès plus large de Sonatrach au marché interne ibérique. « L'Algérie et l'Espagne doivent aboutir à une solution qui soit acceptable par les deux parties », a soutenu Pedro Solbes, ministre espagnol de l'Economie et des Finances, lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier conjointement avec le ministre des Finances, Mourad Medelci. Le ministre espagnol de l'Economie et des Finances, qui a fait remarquer au passage son incompétence à se substituer à son collègue du gouvernement chargé des questions énergétiques, est favorable à la poursuite des discussions entre Sonatrach et l'entreprise espagnole Gas Natural sur les contrats de vente. Tout en insistant sur le caractère « stratégique » des relations entre les deux pays, le ministre espagnol s'est permis de qualifier la question des prix de « pas essentielle ». Cela étant, M. Solbes a indiqué que les deux parties « sont en train d'œuvrer à une solution aussitôt que possible ». Mohamed Ameziane, PDG de Sonatrach, présent à la conférence et aux travaux qui se sont déroulés à huis clos, n'a pas voulu commenter l'intervention du ministre espagnol, encore moins dévoiler la teneur des propos échangés à la résidence Djenane El Mithak. Pour rappel, au courant de cette semaine, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a évoqué l'éventualité de recours à l'arbitrage international dès lors que les négociations se trouvaient au point mort. La renégociation des anciens contrats de vente du gaz algérien à l'Espagne, entamée depuis deux ans, concerne à peine le tiers du gaz qui y est acheminé. L'Algérie, qui juge les tarifs actuellement en vigueur trop bas, veut obtenir une augmentation de 20% en deux phases de façon à contenir l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. Ledit impact ne serait finalement que de 6%. Par ailleurs, les discussions ont porté sur la coopération bilatérale dans le secteur financier, notamment en ce qui concerne l'implantation de banques espagnoles en Algérie, le domaine de l'assurance et le capital risque. M. Medelci a chargé son hôte de plaider l'intérêt du marché algérien auprès des banques de son pays. De son côté, M. Solbes a signifié l'intérêt des financiers espagnols pour le potentiel du marché algérien. Il en voudra pour preuve l'implication de la Santander dans la course au rachat des 51% de participations dans le capital du Crédit populaire d'Algérie. Aussi, une coopération institutionnelle est appelée à se développer, notamment entre les administrations fiscales, douanières et du cadastre des deux pays, selon M. Medelci. Si les échanges sont jugés satisfaisants dans les secteurs des transports, du dessalement d'eau et de l'énergie, les deux parties n'ont pas manqué d'identifier d'autres secteurs porteurs. Un caractère prioritaire sera donné, s'engagent les deux ministres, au secteur des services, particulièrement le tourisme, ainsi que celui de la pêche.