Le FLN veut mettre un terme à l'interminable période transitoire dès jeudi prochain. Belkhadem anime aujourd'hui son dernier meeting de campagne. Il a choisi son point de chute à Alger, cet après-midi à Gué de Constantine. Le choix est motivé par la proximité avec les médias qu'elle offre et l'importance de la capitale, en matière de concentration de la population, qui compte le nombre le plus élevé de sièges. Belkhadem a tenu une cinquantaine de meetings, à raison de deux par jour, et par deux fois de quatre à l'Est. Il semble vouloir faire un finish avec faste, en donnant une consistance à son discours de fin de campagne, se réservant en sus, la primeur de dévoiler les points qu'il n'a pas abordés ou développés pendant la campagne. On le voit revenir aussi sur le thème de la réconciliation, en préambule, pour ouvrir ensuite la voie au programme électoral qui, malgré sa teneur, n'a pas été développé par les candidats têtes de listes, dont nombreux ne l'ont même pas lu. Il insistera sur ce thème, revendiquera la paternité et relancera le défi à ses adversaires qui vacillent entre la guerre et la paix, sans conviction ni pour l'une ni pour l'autre. Belkhadem voudrait innover dans la dernière ligne droite, par un discours assez long où les envolées lyriques le disputeront à la teneur en idées à avancer, devant une assistance qu'on suppose surchauffée en pareille circonstance. L'on s'attend à ce que l'applaudimètre fonctionne, que la sonorisation soit au point, que les slogans soient visibles et que les youyous retentissent. Il devra revenir sur les grands projets, notamment ceux du Grand Sud et des Hauts-Plateaux, de l'autoroute Est-Ouest et sur le thème favori de l'agriculture; thème auquel le programme électoral du FLN accorde la priorité. Il survolera le volet de l'industrie et des entreprises que son premier concurrent veut «brader», pour donner du tonus à son discours, sans pour autant verser dans la polémique. Il insistera sur les augmentations de salaires qui constituent son dada, ainsi que sur le volet social. On s'attend à des propositions sur cet aspect; des propositions qui apaiseront certainement les jeunes en quête d'emplois, des lois tant attendues sur ce chapitre pour la préservation des emplois, ainsi que l'accès aux crédits, destinés jusqu'à présent aux seuls introduits et autres détenteurs de dérogations. Le FLN tient à mettre un terme à la longue période de transition qui a commencé en 1992 ou 1988 -selon l'angle d'appréciation où l'on se situe - et qui a assez duré, laissant un immense gâchis en raison de la non-assistance à un peuple en danger. Là, il aimerait répondre aux tenants du «tout-sécuritaire» qui veulent prolonger cette période indéfiniment par toutes sortes de stratagèmes. Belkhadem n'hésitera pas à croiser le fer avec ses belligérants de l'intérieur qui attendent avec impatience les résultats du scrutin de jeudi pour lui demander des comptes et qui affûtent leurs armes, appellent au ralliement, haussent le ton, perturbent la campagne. Il sait que du résultat dépendra sa survie politique. Il mettra donc tout son poids et son audace dans son discours pour convaincre les hésitants. Il y va du devenir même du parti qui se prépare à d'autres rendez-vous électoraux. Belkhadem sait aussi que le spectre de la fraude électorale menace autant son parti que les autres. Ne voilà-t-il pas une carte maîtresse entre les mains de celui qui est supposé être le décideur et qui doit subir doublement les irrégularités?