Un officier supérieur de l'ANP, le commandant Krim, interpelle l'auteur d'un livre ayant cité Krim Belkacem. Apparemment, le livre consacré par Khalfa Mammeri à l'un des piliers de la Révolution, Abane Ramdane, ne semble pas plaire à la famille de Krim Belkacem. Intitulé Abane Ramdane, le faux procès, cet ouvrage fait sortir de ses gonds M.Krim Ouramdane, neveu de Krim Belkacem et non moins officier supérieur de l'ANP, en retraite, et romancier, qui s'est rapproché de nos bureaux pour dire son ire à la lecture de certains passages du livre. D'abord, il relève des incohérences en affirmant qu«'un travail de recherche doit être objectif et bien précis. L'histoire n'est pas de la propagande...» Le commandant Krim relève dans le livre, en page 17, ligne 20, qu'est livré ce qui est enfoui dans la conscience d'un homme qui avait été l'un des dirigeants de l'Algérie combattante et il reproche à l'auteur en page 19, ligne 14, d'être approximatif et superficiel en citant un témoin anonyme, alors que la logique voudrait qu'il soit nommé et identifié pour la postérité. Un travail de recherche cohérent n'est pas une collection de textes et le commandant Krim pense que «l'écrivain est animé d'un fort ressentiment envers Krim Belkacem qu'il accuse de tous les maux et notamment, d'avoir oublié les traditions ancestrales...» Le commandant Krim ajoute que «ce monsieur finit de verser son venin». Et de s'attaquer à l'auteur qui, selon lui, «s'est rendu coupable d'un mal gratuit et perfide. On ne s'attaque pas à un homme de la trempe de Krim Belkacem à coups d'approximations, d'à-peu-près et de dérobades.» La «réponse» est souvent dure et, parfois, montre même un certain degré de nervosité car «un homme de cette taille, le Lion du Djebel, a vu sa mémoire attaquée. La mémoire d'un martyr vient ainsi d'être la cible d'une tentative de souillure». Et le commandant Krim de se poser la question: «Pourquoi cet écrit maintenant? Qui cherche à attiser le feu? A quelle fin? Qui tire profit de toutes ces approximations?» Et le commandant Krim d'achever: «Nos enfants sont assez intelligents et perspicaces pour déjouer toutes les combines.» Pour la mémoire, il faut rappeler que Krim Belkacem fut d'abord chef de la Zone de Kabylie qu'il organisa. Il fut également parmi les architectes du Congrès de la Soummam, qui s'est tenu le 20 août 1956, et qui a été organisé par les meilleurs enfants de l'Algérie, dont le regretté Abane Ramdane. A l'étranger, avec d'autres compagnons, il devient l'un des dirigeants de la Révolution. Enfin, il fut à la tête de la délégation du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne), à Evian et le seul à apposer sa signature au bas des accords d'Evian à côté de celles de Louis Joxe, Robert Buron et De Broglie pour la France. Exilé après l'indépendance, il créa, en 1967, son parti, le Mdra. Krim Belkacem a été assassiné, au mois d'octobre 1970, dans une chambre d'hôtel en Allemagne. Ainsi, ces chouhada, ceux-là à qui le pays et le peuple doivent tout, ne sont pas morts mais leur souvenir est toujours vivant parmi nous. Ils furent de modestes et certains, de célèbres inconnus. Une fois engagés au service de la libération du pays, plusieurs d'entre eux évoluèrent et furent soit des politiques habiles, soit encore des soldats de génie.