Les harkis qui, et c'est le cas de le dire, ont trahi leur pays et leurs frères demandent réparation à la justice française. A la classe politique, ils demandent des égards. Plus d'un millier d'anciens harkis et leur famille ont participé, hier, à ce qu'ils appellent le congrès des harkis. A quelques mois de l'élection présidentielle française, les harkis, que représente depuis un certain temps un certain Boussad Abid, ont fait de ce rendez-vous, jamais organisé en France, une aubaine pour adresser à la classe politique française leurs revendications. Le premier destinataire des doléances des harkis, regroupées sous forme de charte, est, bien entendu, le gouvernement que préside Lionel Jospin, candidat à la présidentielle. Dans des circonstances caractérisées par un débat (français) sur la Guerre d'Algérie et «ce passé dans les relations algéro-françaises qui ne veut pas passer» et d'une lutte sans merci entre les concurrents pour le siège du Quai d'Orsay, les harkis sont allés jusqu'à demander «la création d'un ministère aux rapatriés». Le président Chirac a décidé l'an dernier d'une journée d'hommage aux harkis, ces supplétifs d'origine algérienne enrôlés dans l'armée française pendant la Guerre d'Algérie. Le 25 septembre à l'occasion de la journée nationale (française) d'hommage aux harkis, Jacques Chirac avait appelé, au nom de la France, au «devoir de vérité» à l'égard des harkis et, sans aller jusqu'à la repentance, avait reconnu «la barbarie» des «massacres commis en 1962», après le cessez-le-feu du 19 Mars 1962. C'est ainsi que près de 40 ans après la fin de la Guerre d'Algérie, la France a officiellement rendu hommage pour la première fois le 25 septembre 2001 aux harkis, dont nombre d'entre eux, selon leur porte-parole, ont été massacrés à l'indépendance. Le président Jacques Chirac a estimé que ces «massacres» commis en 1962, après le départ de l'armée coloniale, devaient «être reconnus». Ce discours, souvenons-nous, avait été critiqué par la presse nationale, mais n'avait pas suscité de réaction officielle. Il faut rappeler à ce propos que la visite d'Etat en France en juin 2000 de Abdelaziz Bouteflika s'était terminée par une polémique sur les harkis que le Président algérien avait comparés à des «collabos». Les harkis, qui, c'est le cas de le dire, ont trahi leur pays et leurs frères, demandent réparation à la justice française. Une plainte avait été déposée à Paris le 30 août 2000, pour la première fois en France, par neuf harkis et une association. Le 21 septembre de la même année, l'avocat Me Juramy avait déposé plainte au nom de 39 harkis ou descendants de harkis auprès du procureur de la République de Marseille. Il y a à peine une semaine, Boussad Abid a affirmé que la communauté des harkis attend toujours la réponse de la justice française. L'auteur d'un livre sur le situation des harkis et de leurs descendants a clamé que ceux qu'il représente ne vont pas se taire. Il y a fort à parier que les campagnes électorales des candidats à la présidence seront l'occasion pour, eux, de parler. Hier c'était juste le début...