Dans l'ensemble, les candidats ont tenté de mettre le doigt sur les préoccupations réelles des citoyens. Les électeurs se rendent aujourd'hui aux urnes. Ils y vont après avoir entendu toutes sortes de propositions, après avoir vu les profils de ceux qui veulent les représenter à l'instance législative et jaugé le seuil de crédibilité de chacun. Dans l'ensemble, les candidats ont tenté de mettre le doigt sur les préoccupations réelles des citoyens. Ils ont fait de telle sorte que leurs voix soient entendues dans la kermesse ambiante qui a caractérisé cette campagne. On aura entendu des suggestions concrètes et d'autres moins réalistes. Mais, unanimement, on s'accorde à dire que la campagne a été propre, dénuée d'insultes et d'invectives. C'est déjà un acquis. L'autre aspect négatif réside dans le fait du désintéressement des citoyens, du moins pendant les dix premiers jours de campagne; ils n'étaient pas très motivés, nonchalants et désintéressés. Ce n'est qu'à la fin qu'ils sont allés écouter ce que ces hommes et ces femmes sont venus leur dire. On a vu, enfin, les salles se remplir et l'applaudimètre fonctionner. Curieusement, au dernier jour de campagne, on a assisté à des scènes de vandalisme; des enfants se sont acharnés sur les affiches au point où les autorités ont dû mettre des policiers près des panneaux pour les empêcher de défigurer les portraits des candidats. Il faut noter que cette action n'a préservé aucune liste. Elles ont subi le même sort. Les partis autant que les candidats indépendants sont inquiets. Ils craignent les irrégularités qui pourraient desservir certains et avantager d'autres. Dans sa dernière déclaration, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a indiqué que si fraude il y a elle ne peut être imputée qu'aux partis; c'est-à-dire qu'ils n'ont qu'à prendre en charge l'opération de contrôle du scrutin. Et qu'ils ne viennent pas pleurnicher s'ils sont lésés par les résultats. Cela suppose qu'il a donné des instructions fermes aux administrateurs pour qu'ils ne commettent pas de gaffes. Il s'en porte garant. Le président de la Commission politique de surveillance des élections, Saïd Bouchaïr, dit la même chose; il demande aux partis de s'investir dans le contrôle. Le président de la République a rendu publique une instruction qui fait acte de sa bonne foi de garantir un scrutin libre et honnête. Mais les moeurs vont au-delà des discours d'intention. Les déclarations des partis relatives à leurs pronostics font penser à une répartition de quotas qui aurait été faite avant même la fin de la campagne. Sans être manichéens, les candidats ont le droit de suspecter les quelques zélés de l'administration qui ont pris l'habitude d'imposer leur volonté en dépit du choix des électeurs. L'aspect sécuritaire n'a pas été non plus négligé. Des mesures préventives ont été pises par les autorités. Il faut rappeler qu'en période de crise, en 1995, 1996 et 1997, des élections sécurisées ont été tenues sans le moindre incident, hormis ceux qui ont eu lieu à l'intérieur des bureaux de vote. Par conséquent, les électeurs peuvent aujourd'hui aller en toute confiance aux urnes. Tous les pronostics penchent vers un taux de participation peu reluisant. Il faut tenir compte des déclarations de Belkhadem et de Zerhouni qui disent, en substance, que les législatives ne mobilisent pas et que dans les zones rurales les gens votent plus que dans les villes. Le boycott partiel des urnes est donc admis. C'est aussi une manière de préserver l'opinion des surprises. Mais il faudra attendre les taux de participation qui seront communiqués tout au long de la journée pour s'en convaincre. Les scores ne seront connus que vendredi. Les partis peuvent, toutefois, faire leurs décomptes et établir les listes des candidats vainqueurs après les dépouillements, s'ils disposent d'assez de représentants dans tous les bureaux de vote. Chacun souhaite une élection correcte pour pouvoir avoir des indices réels d'appréciation sur la cartographie politique du pays.