La carte politique nationale a connu quelques retouches à l'issue du scrutin, largement boycotté. Question de positionnement. Question d'influence. Et question d'avenir. La carte politique nationale a connu quelques retouches à l'issue du scrutin, largement boycotté. Certes, le FLN a perdu la majorité mais demeure la première force du pays avec136 élus. En tête dans 37 wilayas, deuxième dans 5 autres et également premier, dans 5 zones sur 8 à l'étranger, le parti d'Abdelaziz Belkhadem semble rafler la mise même s'il a perdu 63 sièges par rapport à 2002, au profit de ses alliés de l'Alliance présidentielle, le RND et le MSP. Un autre fait saillant mérite d'être relevé. Tous les ministres-candidats du FLN, au même titre que ceux du RND et du MSP, ont passé avec brio l'écueil des législatives. La stratégie du FLN a réussi: 15 ministres-candidats; 15 élus. En effet, en optant pour la candidature de ses actuels et anciens ministres, le FLN voulait s'assurer une victoire écrasante. D'ailleurs, lors de la campagne électorale, Abdelaziz Belkhadem ne cessait de répéter qu'en mettant des ministres comme têtes de liste et en éliminant de nombreuses figures marquantes du parti, le FLN mettait «toutes les chances de son côté» et d'ajouter: «Le FLN s'engagera dans la bataille pour gagner». Cependant, pour nombre de ministres, il s'agissait de marchander leur (s) siège(s) au Parlement d'autant que le FLN n'a jamais caché son ambition de manoeuvrer à sa guise. En outre, en s'engageant dans la course à la députation, il s'agissait pour ces ministres-candidats de sauvegarder leur portefeuille ministériel. Dans le cas où les actuels ministres, critiqués par le président Bouteflika, ne seront pas reconduits, il vaut mieux s'assurer d'ores et déjà une place à l'hémicycle de Zighout Youcef. Mais dans le cas contraire, une nomination à un poste de ministre laisserait une place au suppléant au sein de l'APN. Ce qui donnerait toujours une certaine majorité au parti aussi bien au gouvernement qu'à l'APN. Et c'était là le but recherché. Mais le verdict des urnes en a voulu autrement puisque, certes, les ministres-candidats ont tous été élus, le FLN a perdu, le temps du scrutin, 63 sièges à l'APN. Perdant du coup son pari, même si Abdelaziz Belkhadem admet, à contre coeur, que sa formation avait tablé sur 140 sièges et d'avouer que plusieurs indépendants vont rejoindre le FLN. Ce qui confirme, en filigrane, les analyses avancées avant le scrutin considérant que la crise ayant émaillé la confection des listes n'était qu'une simple comédie. Mais sur un autre plan, des informations font état que certains ministres de l'actuel gouvernement ne seront pas reconduits, dont plusieurs sont d'obédience FLN. Question d'équilibre. Cependant, avec un taux de participation de 36,5% seulement, quelle crédibilité peuvent avoir ces législatives ayant battu tous les records d'abstention? Aussi, ce désintérêt populaire pour un scrutin sans enjeu traduit l'appréhension à l'égard d'une classe politique plus soucieuse de ses petites affaires que des problèmes des citoyens-électeurs. L'enrichissement illicite, la corruption, l'absentéisme parlementaire ont fini par discréditer une classe politique virtuelle n'existant que le temps d'un scrutin. En effet, plusieurs partis sanafirs, n'ayant ni base ni programme, si ce n'est le soutien au président de la République, ne réapparaissent que la veille d'une échéance électorale, brouillant ainsi davantage la carte politique nationale. Sur ce point, le ministre de l'Intérieur, Noureddine-Yazid Zerhouni, n'est pas allé du dos de la cuillère en affirmant qu'il «faut revoir la loi régissant les partis pour éviter les défaillances» et qu'il est «du ressort de la nouvelle APN de faire des propositions, en mesure d'adapter cette loi aux nouvelles réalités, en Algérie», en attendant les locales.