La décision du Conseil constitutionnel intervient sur fond de polémique. C'est aujourd'hui que le Conseil constitutionnel se prononcera sur les résultats du scrutin des législatives. Tous les regards sont braqués sur cette fameuse décision que rendra publique Boualem Bessaïeh, désigné à la tête de cette institution en septembre de l'année 2005. Pour ce dernier, la tâche est loin d'être une simple sinécure. En effet, la décision du Conseil constitutionnel intervient sur fond de polémique suscitée par les déclarations du ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, d'une part, et du coordinateur de la Cnpsel, Saïd Bouchaïr, désigné par le chef d'Etat en vue d'assurer un meilleur déroulement du scrutin législatif, d'autre part. Entre les deux hommes le torchon brûle. Tout a commencé par l'événement de cette lettre adressée le jour même du scrutin au président Bouteflika, portant la griffe de M.Bouchaïr, faisant état d'une série de tentatives de bourrer les urnes. Lesquelles tentatives ont été dénoncées par les représentants des partis en lice siégeant à la Cnpsel. Les rédacteurs de ce document ont fait, part notamment «d'abus graves dépassant les limités de cas isolés», constatés dans plusieurs bureaux de vote à travers le pays. D'une manière collégiale, et au nom de tous les représentants de la commission Cnpsel, Saïd Bouchaïr a paraphé la lettre remise au président Bouteflika. Néanmoins, le ton utilisé dans cette missive était d'une gravité extrême, au point que le risque de voir la future composition parlementaire dépourvue de toute crédibilité n'était guère exclu. L'appréhension s'est vite dissipée après que Saïd Bouchaïr se soit presque démarqué du contenu de cette lettre au cours d'un point de presse qu'il a animé dans la soirée de jeudi dernier. Les cas de fraude signalés avec toute la conviction voulue quelques heures auparavant, ne sont, au bout du compte, que «de simple cas isolés ne pouvant avoir aucune incidence sur les résultats du scrutin» avait déclaré, notamment l'orateur. La tension a, certes, baissé d'un cran après cette nouvelle sortie aussi surprenante que la précédente émanant toujours du coordinateur de la Cnpsel. Même les propos du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, étant intervenu publiquement dans la journée de vendredi dernier, sont à inscrire dans la même logique que celle défendue par le président de la Cnpsel. Cependant, le ministre de l'Intérieur a eu le mot de trop. «M.Saïd Bouchaïr s'est excusé au sujet de la lettre transmise au président Bouteflika», avait annoncé notamment M.Zerhouni. S'offusquant de tels propos, Saïd Bouchaïr, n' a pas mis beaucoup de temps pour sortir de ses gonds. Et la polémique est relancée de plus belle entre les deux hommes. «Je n'ai pas présenté des excuses et je n'est aucune intention de le faire», a vite rétorqué le président de la Cnpsel. Mieux, M.Bouchaïr persiste et signe que tout ce qui a été mentionné dans la fameuse lettre adressée à Bouteflika est fondé et reflète réellement les conditions dans lesquelles se sont déroulées les élections législatives. D'autre part, certains partis en lice tels que le PT de Louisa Hanoune et le FNA de Moussa Touati crient au scandale et demandent que le scrutin soit refait dans certaines wilayas telles que Sétif et Tizi Ouzou. Le Conseil constitutionnel répondra-t-il favorablement à leur doléance?