Après que l'armée s'est dit prête à une trêve, un cessez-le-feu est décrété par Fatah al-Islam. Les combats qui avaient repris dans la matinée d'hier, pour le troisième jour consécutif, se sont peu à peu estompés avant de s'arrêter au milieu de la journée d'hier. Dans la soirée de lundi, l'armée libanaise s'est dite prête à une trêve si elle «n'est pas attaquée», a déclaré une source officielle libanaise à une agence de presse: «L'armée libanaise est prête à arrêter les tirs si l'autre partie se conforme» à un cessez-le-feu, «Elle ne tirera pas si elle n'est pas attaquée». Propos confirmés par le gouvernement libanais, également, prêt à un cessez-le-feu. Entre-temps, l'armée libanaise avait continué à rassembler des renforts autour du camp de Nahr Al-Bared quasiment assiégé. C'est ce siège qui fait réagir le Fatah al-Islam selon lequel «l'armée ne tire pas seulement sur nous. Elle se livre à des bombardements aveugles. Si cela se poursuit, menace le porte-parole du groupe islamiste, nous porterons la bataille hors de la ville de Tripoli». C'est dans ce contexte que le groupe islamiste Fatah al-Islam a annoncé, hier, qu'il a décrété «un cessez-le-feu unilatéral» lequel devait entrer immédiatement en vigueur à 14h30 locales (11h30 GMT) indiquait le porte-parole du groupe islamiste Abou Salim Taha qui a déclaré: «Nous annonçons que nous sommes prêts à respecter un cessez-le-feu à partir de 14h 30 mardi (hier) et nous espérons que l'armée libanaise acceptera notre proposition afin d'épargner les souffrances aux civils de Nahr Al-Bared», avertissant toutefois que «si les bombardements de l'armée se poursuivent, nous patienterons dans un premier temps, mais nous riposterons s'ils persistent». Les combats qui ont opposé depuis dimanche le groupuscule extrémiste palestinien à l'armée libanaise a coûté la vie à quelque 65 personnes (en majorité des soldats libanais et des militants du Fatah al-Islam) et ont fait près de 150 blessés. Cependant, ce bilan reste provisoire et sera sans doute plus lourd car il ne prend pas en compte les victimes se trouvant encore à l'intérieur du camp de réfugiés palestiniens toujours inaccessible aux secours et aux organisations humanitaires. «Il y a des civils tués et de nombreux blessés dans les rues du camp. Il n'y a plus ni eau, ni électricité», a déclaré le docteur Youssef al-Assaad, responsable du Croissant-Rouge palestinien inquiet de la situation qui prévaut à l'intérieur du camp. Cette trêve intervenue, hier, était depuis lundi réclamée par les organisations humanitaires qui n'ont pu avoir accès au camp de Nahr Al-Bared pour cause des violents affrontements qui opposaient l'armée aux militants du Fatah al-Islam. Notons qu'en fin d'après-midi d'hier, 17 civils tués ont pu être évacués. «Quand il y aura un cessez-le-feu, l'Unrwa assurera la fourniture d'eau, d'aide alimentaire ainsi que l'évacuation des tués et blessés», a indiqué, hier, le directeur de l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa), Richard Cook. Le cessez-le-feu, s'il permet de faire une première évaluation des victimes de ces trois jours de combats, demeure, cependant, précaire car les affrontements peuvent reprendre à tout moment. D'ailleurs, le Fatah al-Islam engagé depuis dimanche dans des affrontements meurtriers avec l'armée libanaise avait menacé, hier matin, de se battre jusqu'à «la dernière goutte de sang» si l'armée poursuit ses bombardements. «Si l'armée poursuit ses attaques, nos combattants sont prêts à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang» avait alors déclaré Abou Salim Taha, affirmant que «la balle est dans le camp de l'armée, ce sont eux qui ont commencé les combats, et ce sont eux qui devront les arrêter». Concernant le lourd bilan de pertes dans les rangs du Fatah al-Islam, Abou Salim Taha a affirmé: «Ce n'est pas un problème pour nous, le problème est que les civils ne peuvent supporter cela plus longtemps». Ces déclarations ont été faites peu avant l'annonce du cessez-le-feu, qui est venu conforter l'arrêt des combats observé en milieu de journée d'hier. Au plan diplomatique, la Syrie a encore démenti, hier, tout lien avec le groupe du Fatah al-Islam, comme l'a affirmé l'ambassadeur syrien auprès de l'ONU, Bashar Jaafari, qui a indiqué, liant ce qui se passe au Nord-Liban au débat au Conseil de sécurité sur la résolution portant sur un tribunal international pour le Liban, «A chaque fois qu'il y a une réunion du Conseil de sécurité pour parler de la crise au Liban, un ou deux jours avant la réunion, on assiste à des troubles, soit des assassinats, soit des explosions ou une tentative d'assassinat» soulignant: «Ce n'est pas une coïncidence (...) Des gens essayent d'influencer le Conseil de sécurité, de faire pression sur lui pour obtenir l'adoption d'un projet de résolution sur le tribunal». La Syrie, ex-puissance de tutelle au Liban, a été pointée du doigt dans l'assassinat de Hariri, mais a nié toute implication. Par ailleurs, l'émissaire de l'ONU au Liban, Terje Roed-Larsen, a mis en garde, hier, contre un «effondrement total de la situation» au Liban. Pour sa part, Washington a approuvé la réponse «vigoureuse» de l'armée, qualifiant Fatah Al-Islam de groupe «terroriste». Notons qu'un second attentat a ciblé dans la soirée de lundi un quartier huppé musulman de Beyrouth faisant dix blessés, venant après l'attentat dans le quartier chrétien d'Achrafieh qui a fait, dimanche, un mort et dix blessés.