Le secteur frontalier longeant la bande de Ghaza a été décrété hier «zone militaire fermée» par l'armée israélienne. Les routes de ce secteur sont interdites à la circulation des civils, sauf pour les habitants des localités israéliennes. Une telle mesure est le prélude à un mouvement de troupes terrestres. Tout comme les blindés et les renforts d'infanterie, ainsi que les 6 500 réservistes mobilisés à la demande du gouvernement israélien. La possibilité que l'armée de terre investisse le territoire est donc bel et bien réelle. Ehoud Barak avait prévenu en déclarant qu'il est prêt à «élargir et intensifier les opérations à Ghaza autant que nécessaire», n'écartant aucun scénario. Pour la troisième journée consécutive, Tsahal poursuit son offensive aérienne aveugle contre des Palestiniens sans défense, tuant femmes et enfants. L'aviation israélienne a bombardé l'université islamique et un bâtiment du gouvernement à Ghaza, tôt dans la matinée d'hier. Les raids lancés durant la nuit de dimanche à hier, ont tué douze Palestiniens, dont six enfants, selon des sources hospitalières. Selon le dernier bilan fourni par le chef des services d'urgence dans la bande de Ghaza, les attaques aériennes israéliennes ont fait, depuis samedi dernier, au total 318 tués et plus de 1 420 blessés. L'holocauste se poursuit avec le silence complice de la communauté internationale. Des dénonciations timides et des appels à l'arrêt des raids meurtriers sont lancés ici et là par les gouvernements –qui n'ont même pas réussi à se mettre d'accord pour tenir leur sommet extraordinaire- dans l'espoir d'apaiser la rue arabe en ébullition. Mais c'est loin d'être le cas surtout après les coups de feu tirés par la police égyptienne, de l'autre côté de la frontière, pour empêcher des dizaines de Palestiniens d'entrer en Egypte au nord du terminal de Rafah. Le secrétaire général du parti chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, n'a alors pas hésité à appeler le peuple égyptien à descendre «par millions» dans la rue pour forcer l'ouverture de Rafah. Près de 7 000 personnes ont alors répondu à l'appel. Durant ce temps et dans l'impunité la plus totale, l'Etat hébreu, qui s'est engagé dans «une guerre sans merci» dans la bande de Ghaza, continue le massacre des civils en méprisant le monde entier. Israël est peu impressionné par les critiques internationales dans la mesure où elles ne proviennent pas des «pays qui comptent» comme les Etats-Unis. D'ailleurs, la Maison-Blanche a réclamé que «le Hamas cesse ses tirs de roquettes sur Israël et accepte un cessez-le-feu durable pour que prennent fin les hostilités en cours». Même le Conseil de sécurité n'a pas pris, à ce stade, de recommandation contraignante à l'encontre d'Israël. Raison suffisante qui pousse les ministres israéliens à annoncer, sans gêne, que les combats à Ghaza seraient «susceptibles de durer plus longtemps que ce que nous entrevoyons à l'heure actuelle». Du côté du Hamas, le chef en exil en Syrie, Khaled Mechaal, s'est dit prêt à «conclure une trêve à Ghaza si Israël acceptait un cessez-le-feu et levait son blocus de la bande de Ghaza», a indiqué le gouvernement sénégalais à l'issue d'une conversation téléphonique entre Khaled Mechaal et le président sénégalais Abdoulaye Wade. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du président Mahmoud Abbas a appelé à l'envoi d'une force internationale à Ghaza pour protéger ses habitants «des crimes israéliens» tout en sachant que le Hamas s'est toujours opposé au déploiement d'une force internationale. La situation à Ghaza s'envenime. Et malgré l'acceptation de principe de la trêve par Khaled Mechaal, la résistance palestinienne «se réserve le droit de riposter à cette agression par des opérations de martyre», comme l'a déclaré le porte-parole du Hamas. Ce ne serait que justice. H. Y.