On enregistre des anomalies dans la conduite de l'opération du début jusqu'à la fin. Le secrétariat de l'instance exécutive du FLN, dont cinq parmi les sept membres ont été élus députés, s'est réuni hier pour faire le bilan des élections législatives; bilan négatif à plus d'un titre, même si on ne veut rien montrer des aléas d'une victoire à la Pyrrhus. Les conséquences sur les locales seront désastreuses si rien n'est fait pour redresser la barre. Mais, en catimini, on reconnaît que le FLN pouvait beaucoup mieux faire. On enregistre des anomalies dans la conduite de l'opération du début jusqu'à la fin. A commencer par le mode de scrutin qui a desservi un FLN qui avait, pourtant, ses chances. Désormais, on pense à un système de listes nominatives. Il y a donc une remise en cause des slogans qui ont fait le credo de l'équipe dirigeante du parti. On préférait miser sur le label du parti au lieu de choisir des personnes crédibles. La leçon qu'on retient de la déroute doit, en conséquence, inverser la vapeur. L'amendement de la loi électorale est devenu une priorité, y compris pour le RND qui croit avoir subi les méfaits de la proportionnelle. La nouvelle APN aura pour unique tâche cet amendement. Ce sera un véritable test parce qu'il ne faudrait pas penser à un nouvel amendement dans cinq ans. Les élections locales et de wilaya se dérouleront au début du mois de septembre. Cela voudrait dire que les partis disposent de très peu de temps pour se préparer. Au FLN, on se situe déjà dans la logique des préparatifs des élections locales, sans avoir bien pensé les échecs de celles-ci. L'autre aspect négatif retenu se situe dans la nature des listes présentées par le FLN qui, rappelle-t-on, ont été à l'origine du vaste mouvement de contestation interne qui s'est soldé par un vote-sanction. On croit savoir que les listes ont été un fourre-tout de gens sans conviction qui ne répondaient pas, dans leur majorité, aux critères retenus par la direction dans les premiers tris. Il y a, en troisième lieu, la campagne elle-même. On aura vu des candidats mener campagne sans aucune préparation. Ils improvisaient alors que la direction du parti avait constitué des groupes de travail qui ont préparé une matière première qui aurait pu être mise à leur disposition pour unifier les discours et mettre en valeur les éléments qui rapportent des points au parti. Or, on sait que les textes préparés n'ont servi à rien. On a assisté à une fuite en avant sans précédent et beaucoup d'improvisation dans la foulée. L'autre aspect, peut-être le plus dangereux, concerne l'idée de dépasser la base militante en recourant aux comités de soutien parce que, d'une manière générale, ceux (les candidats et conseillers) qui ont suggéré cette initiative ne croient pas aux exigences élémentaires du parti. Ils ont donc agi hors du cadre du FLN, en créant un effet d'entraînement qui s'est généralisé. Ce n'est qu'en entamant sa campagne que Abdelaziz Belkhadem a compris dans quel pétrin ils l'ont mis. Il a décidé de changer de stratégie en allant d'abord aux mouhafadhas pour rencontrer les militants; en tentant d'atténuer les tensions. Mais le mal était déjà fait. Il y a enfin le choix des personnalités cathodiques, comme les ministres ou les ex, qui n'ont pas réussi à rassembler les foules. Les résultats ont prouvé leur seuil de crédibilité chez les électeurs. Il s'agit plus de révision d'une stratégie que de bilan. Le FLN doit avoir le courage de revoir, fondamentalement, sa stratégie. Tant que le vieux parti n'a pas élaboré une vision claire, il ne peut que cumuler les échecs.