Profitant de ses relations privilégiées avec les USA et les grandes puissances, notre pays aurait piétiné les règles les plus élémentaires des droits de l'Homme. L'Organisation non gouvernementale, Amnesty International, reproche au gouvernement algérien son «manque de coopération» avec les organes des Nations unies chargés de la défense des droits de l'Homme, «pour tenter de remédier aux séquelles du conflit ayant touché le pays durant plus d'une décennie.» Une «défaillance» qui a valu à notre pays «de sévères critiques» dans le rapport 2007 «sur la situation des droits humains», publié récemment par cette ONG. Les autorités algériennes, à en croire le même rapport, ont classé Amnesty parmi les ONG «indésirables» par les autorités algériennes. «Nous avons fait savoir au gouvernement notre souhait d'envoyer une délégation en Algérie, mais on s'est vu refuser l'accès au pays», lit-on dans le document. Tout en remarquant que l'Algérie est «un allié de premier plan des Etats-Unis» et des autres Etats participant à la «guerre contre le terrorisme», Amnesty pense que cet appui n'a pas toujours joué en faveur de la préservation des droits de l'homme dans notre pays. Elle estime que cette relation étroite avec les puissances mondiales est utilisée comme un «joker» par les autorités algériennes pour piétiner les règles «élémentaires» des droits de l'homme. Le rapport note que «le gouvernement a qualifié sa politique de réconciliation nationale de solution définitive aux problèmes terribles, hérités du passé». Or, sur le terrain, le problème sécuritaire persiste encore. Malgré le risque persistant «de torture» plusieurs gouvernements étrangers ont renvoyé, vers l'Algérie, des Algériens qui auraient représenté une menace pour la sécurité nationale. Le rapport évoque la situation économique dans le pays, rappelant que les revenus supplémentaires générés par l'augmentation du prix du pétrole et du gaz ont permis au gouvernement de rembourser environ deux tiers de la dette extérieure. Malgré cela «cette année encore, des mouvements violents de protestation ont eu lieu à propos de problèmes socioéconomiques, avec de très nombreuses allégations de corruption en toile de fond», précise le rapport qui met en exergue les «avertissements» des institutions financières internationales «qui pensent que des réformes devraient être introduites sans délai pour diversifier la croissance et créer des emplois». L'Algérie n'est pas bien notée aussi au chapitre de la liberté de la presse. Le rapport souligne le cas de la vingtaine de journalistes poursuivis pour diffamation à la suite de plaintes déposées par des agents de l'Etat, rappelant néanmoins qu'«une quinzaine d'entre eux ont été condamnés à des peines allant jusqu'à un an d'emprisonnement, mais la plupart ont été laissés en liberté en attendant qu'il soit statué sur leur appel». La situation des migrants en situation irrégulière inquiète l'ONG. «Des milliers de migrants en situation irrégulière, dont certains pouvaient être des demandeurs d'asile, ont été expulsés vers des pays d'Afrique subsaharienne sans avoir la possibilité de solliciter l'asile ni d'interjeter appel de la décision d'expulsion». Par ailleurs et concernant la situation au Sahara occidental, Amnesty atteste qu' une mission du Haut commissariat aux droits de l'homme (ONU) s'y est rendue en mai. Son rapport confidentiel, qui a été divulgué, concluait que la situation des droits humains était profondément préoccupante. Il relevait que «les Sahraouis étaient privés de leur droit à l'autodétermination et que des restrictions sévères pesaient sur leurs autres droits fondamentaux, notamment le droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion». Enfin, cette ONG a dénoncé les détentions abusives orchestrées par les Etats-Unis, «sans inculpation, ni jugement, en Irak, en Afghanistan et sur la base navale américaine de Guantánamo Bay, à Cuba». Elle rappelle qu' en mai, le Comité contre la torture de l'ONU a également demandé la fermeture de Guantánamo, soulignant que la détention indéfinie sans inculpation constituait une violation de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.