Amnesty International dresse un bilan peu reluisant des droits humains dans le monde depuis la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. L'ONG reporte son espoir sur l'émergence de nouveaux dirigeants, notamment aux Etats-Unis ou en Russie. Elle pointe du doigt le manque de libertés en Algérie. Tableau noir. La torture reste pratiquée dans au moins 81 pays, les procès ne respectent pas les normes d'équité dans au moins 54, il est impossible de s'exprimer librement dans au moins 77. Soixante ans après la signature en 1948 de la déclaration, le bilan donne peu de raisons de se réjouir, remarque Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International France. Les foyers de tension ne manquent pas. Darfour, Zimbabwe, Ghaza, Irak, Birmanie, la liste est longue. « Les gouvernements qui ont adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme devraient faire amende honorable. L'Europe, si prompte à se présenter comme un modèle en matière de droits de l'homme, continue de s'accommoder du gouffre qui sépare les discours de la réalité, les normes de leur application et les principes de la pratique », déplore Geneviève Garrigos. « Amnesty ne sous-estime pas les progrès qui ont été accomplis pendant ces 60 ans, mais nous pensons que ces importantes avancées ne sont pas suffisantes. » Dressant un triste bilan de la présidence de George W. Bush, Amnesty place ainsi ses espoirs dans le prochain président américain, qui devra restaurer « l'autorité morale » des Etats-Unis en fermant le camp de Guantanamo à Cuba et en répudiant le recours à la torture. Autre sujet d'actualité, les JO et la Chine. L'organisation en août des jeux Olympiques à Pékin doit de même fournir l'occasion à la Chine d'évoluer, car son statut de puissance économique et politique majeure ne lui permet plus de négliger les droits de l'homme. Geneviève Garrigos estime que la Chine doit aussi s'engager un peu plus en Afrique sur la question des droits de l'homme. Pékin a ainsi tout à gagner à garantir la stabilité du Zimbabwe ou du Darfour. La principale préoccupation d'Amnesty en France concerne les demandeurs d'asile, en particulier depuis qu'ils relèvent de la compétence du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale créé par le président Nicolas Sarkozy. « Cela risque de faire un amalgame entre les demandeurs d'asile et les immigrés illégaux alors que les situations sont très différentes », observe Geneviève Garrigos. Amnesty cite notamment des décisions de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) et du Comité contre la torture de l'ONU, reproche à la France l'expulsion vers l'Erythrée et la Tunisie de plusieurs demandeurs d'asile. Le rapport 2007 d'Amnesty International est mitigé sur l'Algérie. « Les violences politiques ont persisté dans tout le pays, faisant au moins 491 morts, un nombre plus élevé qu'en 2006. Beaucoup de victimes ont été tuées à la suite d'attentats à l'explosif qui ont été revendiqués par l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique. » Sur le chapitre de la liberté d'expression, toujours zéro pointé. « Des défenseurs de droits humains et des journalistes ont été harcelés. Un certain nombre d'entre eux ont fait l'objet de poursuites et ont été menacés d'emprisonnement pour diffamation. Ces manœuvres visaient selon toute apparence à les dissuader de critiquer la politique gouvernementale et les agents de l'Etat ou à les punir de l'avoir fait. » Par contre, Amnesty met au crédit des autorités algériennes des initiatives encourageantes en vue de protéger les femmes contre les violences et d'abolir la peine de mort.