L'APN n'est pas encore installée que l'on annonce, d'ores et déjà, un ralliement massif des indépendants au FLN. Des élus sur des listes des indépendants et des petits partis (MEN à Oran) rallient avec armes et bagages, une formation politique qu'ils ont concurrencée durant le scrutin du 17 mai 2007. Leur dévolu a été jeté sur le Front de libération nationale. Son secrétaire général a rendu publique cette information lors d'une conférence de presse tenue samedi à Alger. «Le FLN a officiellement 136 députés mais politiquement, il en a 157», a déclaré M.Abdelaziz Belkhadem. Un appoint inattendu à la «minivictoire» ou au «semi-échec» que vient de subir la formation politique de l'actuel chef du gouvernement. Quatorze d'entre eux en ont formulé la demande par écrit alors que sept autres vont le faire dans les jours à venir. 21 nouveaux députés FLN, transfuges des listes indépendantes. Cela représente des centaines de milliers de voix. Un apport miraculeux. Une bénédiction. Pas de quoi s'enorgueillir, mais on ne refuse pas la main tendue. Ce n'est pas le genre de la maison. Et par calcul politique, cela peut éventuellement se comprendre. Le gouvernement démissionne dans le courant de la semaine. Les portefeuilles ministériels se négocieront en position de force ainsi que la chefferie du gouvernement. Même si pour ce second point tout demeure possible. Tout va bien dans le meilleur des mondes jusque-là. Pourtant, il existe un faux son de cloche. Il faut l'admettre. Le reconnaître. C'est la confiance accordée par les électeurs à ces élus. Leur choix s'est fixé sur ces candidats indépendants. Dans certains cas, ils ont affronté des listes FLN qu'ils ont battues. Les voix des électeurs se retrouvent comptabilisées ailleurs. Au profit d'un parti pour lequel ils ne se sont pas prononcé. Les cartes se brouillent de nouveau. L'assainissement d'une certaine pratique politique appelée de tous leurs voeux par l'ensemble des formations politiques qui comptent dans l'échiquier national ne ressemble plus qu'à un voeu pieux. Une question de conjoncture. Sans plus. Et l'on s'étonnera encore du taux d'abstention record. On ajoute le mal au mal. Que retiendra donc la classe politique de la leçon du dernier scrutin? Renforcer le camp des abstentionnistes dans leurs convictions. Les députés élus sur les listes des indépendants n'ont désormais d'indépendants que le nom. Ils n'ont pas rejoint n'importe quelle formation politique. Ils ont rallié le camp du parti le plus fort, le parti au pouvoir. Quelle sera la réaction des autres partis? Notamment ceux de l'Alliance. Que devient le message hautement politique envoyé par les 12 millions d'Algériens qui ont préféré le silence des urnes? L'éthique politique est malmenée. Les élus indépendants qui rêvaient de constituer un groupe parlementaire voient leur nombre réduit en peau de chagrin. Le scrutin du 17 mai se retrouve tronqué. Il y a des triomphes qui n'ont pas de goût. Le Front de libération nationale peut se targuer d'avoir amélioré son score...contre la volonté populaire.