Les carences de l'actuelle loi électorale sont diversement appréciées par la classe politique. Chacun y va de sa propre lecture politique. La loi électorale sera amendée. Le ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni l'a confirmé, lundi dernier, en marge de la visite du président de la République à Blida. Les incohérences de l'actuelle loi sont devenues trop contraignantes pour continuer encore à s'en accommoder. Les dernières élections législatives ont mis à nu ce texte légiféré dans des circonstances toutes particulières, à savoir le lancement de l'expérience démocratique dans le pays avec l'ouverture politique au multipartisme. Des facilités ont été accordées par le législateur pour la création de ce qui s'appellera, par la suite, les partis politiques. C'est la ruée. Une prolifération sans précédent de partis est amorcée. Ce qui était interdit des décennies durant sous le règne du parti unique, est toléré. Les élections locales de 1991 sont l'occasion pour mettre en pratique la théorie du multipartisme après trois décades d'exercice du parti unique. L'ex-FIS profite de l' «aubaine», s'engouffre dans la brèche et rafle la mise électorale en provoquant un raz-de-marée à l'occasion des élections communales avant de rééditer le même scénario aux législatives. Des dizaines de partis sans programme et sans ancrage dans la société sont alors taxés par le numéro un de la mouvance islamiste, Abassi Madani de «sanafir». Depuis, le jeu politique a pris le mauvais virage. Le processus électoral sera stoppé net. L'Algérie bascule dans la tragédie. Paradoxe: la loi électorale survit à la crise contre vent et marées. Elle servira à maintenir le statu quo politique. Elle assure le minimum démocratique et évite l'écroulement des institutions locales de l'Etat tout en consacrant le retour aux affaires du FLN. L'intermède assuré par les fameuses Directions exécutives communales (DEC) ne dure pas longtemps. Tout semble aller pour le mieux en laissant quelques espaces à gérer aux autre partis, le MSP, le RCD et le FFS qui n'a jamais déserté la scène politique locale. Le parti d'Aït Ahmed, faisant le choix de rester aux cotés des citoyens pour gérer la vie socio-économique et politique des communes, adopte une stratégie à deux vitesses: boycott des législatives et mobilisation pour les communales. Les carences de l'actuelle loi électorale sont diversement appréciées par la classe politique. Le FLN et le RND sont disposés à apporter les correctifs nécessaires à la loi électorale. C'est ainsi qu'on a laissé entendre que la première session de la nouvelle Assemblée nationale sera consacrée à l'amendement de la loi électorale pour être fin prête le mois de septembre prochain, date de la tenue des élections communales. Le RCD, qui doit tenir son conseil national les 7 et 8 juin prochain, a déjà inscrit la question de l'amendement de la loi électorale dans son agenda. Une communication est prévue dans ce sens par l'un de ses cadres dirigeant, spécialisés en la matière, pour explorer les différents systèmes électoraux. Le parti de Saïd Sadi «n'est pas solidaire de la manière avec laquelle la problématique de la loi électorale en cours de validité est posée par les partis de l'Alliance». M.Bellabès, le chargé de la communication du parti qui a récolté 19 sièges à l'APN la juge «faussée dès le départ». Pour lui, «la dernière abstention est due à la fraude et à l'incapacité de l'administration à tenir des élections libres et honnêtes». La tendance actuelle au sein du RCD milite pour des amendements qui puissent propulser au plus deux partis politiques, une minorité et une majorité, à la tête de la commune. Une bipolarité politique qui assure un pouvoir de décision et un contre-pouvoir critique qui assainit la vie politique locale et assure les droits des citoyens. Pour sa part, le PT demande l'assainissement de la carte politique nationale en mettant un terme à l'activisme des partis sans ancrage populaire et qui apparaissent et disparaissent au gré des échéances électorales. Sur un autre volet qui se rapporte à la mise en pratique de la nouvelle loi, le ministre de l'Intérieur a annoncé la finalisation d'une mouture pour un nouveau découpage administratif. Une autre priorité de la nouvelle Assemblée.