Les cas de fraude avérée et la polémique autour de la lettre de Bouchaïr, sont autant de facteurs ayant quelque peu discrédité le dernier scrutin. L'APN reçoit, aujourd'hui à 10h, ses nouveaux «locataires». L'heure de vérité commence pour ces députés, qui auront à légiférer pour tout le peuple algérien. Ce qui n'est pas évident, connaissant les circonstances dans lesquelles la chambre basse a été élue. C'est une APN de toutes les polémiques, au point où l'on n'hésite pas à la qualifier d'«atypique». Le débat autour de la crédibilité de cette législature est ainsi relancé. Cette sixième APN est d'abord élue avec un taux d'abstention jamais égalé depuis l'indépendance. Seulement 6 millions, sur les 18 millions d'électeurs inscrits, s'étaient rendus aux urnes et que, parmi eux, un million a choisi le bulletin nul. La classe politique a, semble-t-il, bien ressenti la «gifle» du 17 mai. Le résultat témoigne d'une fracture entre les citoyens et la classe politique. Les citoyens se désintéressent de plus en plus des élections, non point du fait politique, mais de la manière avec laquelle les affaires du pays sont gérées. Encore, le taux de participation de 36% est jugé «gonflé» par certains partis. Pour le FFS, le taux de participation n'aurait pas dépassé les 12%. Les cas de fraude avérée et la polémique autour de la lettre de Bouchaïr, sont autant de facteurs ayant quelque peu discrédité le dernier scrutin. Le nombre global de recours introduits par les candidats et partis politiques au greffe du Conseil constitutionnel s'élève à 736 recours. Résultat: 668 recours ont été rejetés. Le report pour aujourd'hui de la première séance, prévue pour dimanche passé, a fait couler beaucoup d'encre. S'agit-il d'une violation de la loi? Une question qui a occupé le devant de la scène. Chacun y est allé de sa propre appréciation. Voilà les «préliminaires» de l'installation de la nouvelle Assemblée. Cette sixième législature ne s'annonce pas comme les précédentes. En sus des raisons évoquées, la nouvelle APN donne l'image d'une mosaïque. Le FLN a d'abord perdu sa majorité absolue. Il a obtenu 136 sièges. Il en a perdu 63. Le FLN est obligé de chercher quelques points chez les autres formations siégeant à la chambre basse pour approbation d'un projet de loi. L'annonce du ralliement de certains indépendants et autres élus du MEN entre dans cette logique. En somme, les partis de l'Alliance, FLN, RND et MSP, même majoritaire avec 249 siéges, ont échoué le 17 mai passé. Ils ont perdu la confiance des citoyens, en ne récoltant que 15% de l'ensemble des voix du corps électoral. (FLN 136, RND 62 et le MSP 51). Une alliance s'impose. Cette nouvelle Assemblée voit l'émergence de nouveaux groupes parlementaires. Désormais, avec ses 19 sièges, le RCD de Saïd Sadi et le PT de Louisa Hanoune, avec 26 sièges, auront droit à la constitution de groupes parlementaires. Même les indépendants auront leur groupe parlementaire. Tout au long de cette semaine, un bon nombre de partis ont réuni leurs députés, à l'instar du RND, MSP, RCD et le PT. Une autre donne chamboule, également, la configuration de cette APN: le partage des commissions se faisait jusque-là entre le RND et le FLN. Le MSP revendique son quota. On assistera, d'une manière quasi certaine, à l'ouverture des commissions aux autres formations politiques. A noter que les partis de l'Alliance se sont réunis lundi passé. Parmi les points traités, figurait le partage des commissions de l'APN. Boudjerra Soltani tente sans doute de marchander avec «ses amis» de l'Alliance. Lors de cette réunion, les trois partis se sont «mis d'accord» sur un seul point: la désignation de Abdelaziz Ziari comme candidat de l'Alliance à la présidence de l'APN. Sur ce point les jeux, semble-t-il, sont faits. Le candidat du FLN succédera, donc, à Amar Saâdani. C'est «l'homme du consensus.» En outre, cette nouvelle APN intervient avant même que le gouvernement de Abdelaziz Belkhadem ne dépose sa démission. Par ailleurs, la séance d'aujourd'hui sera présidée, comme le stipule la loi, par le député le plus âgé. Il sera assisté par les deux plus jeunes députés. Conformément à l'article 2 du règlement intérieur de l'instance législative; ce bureau provisoire sera dissous juste après l'élection du nouveau président de l'APN. Une fois l'opération de validation des mandats terminée, les députés seront appelés à l'élection du président de l'APN. Une opération qui «pourrait intervenir demain soir». Par ailleurs, les formations ayant obtenu de maigres résultats, tels le parti écologiste (Mnnd) avec 7 sièges. En Nahda et MJD avec 5 sièges chacun, restent les maillons faibles dans cette APN. Eux aussi peuvent, toutefois, faire entendre leur voix s'ils arrivent à contracter une alliance. Désormais, la nouvelle Assemblée doit se mettre à l'oeuvre. C'est l'heure de rattraper le temps perdu si elle veut vraiment retrouver la confiance du peuple.