L'Algérie recense, annuellement, 3000 nouveaux cas de cancer des poumons. Une gangrène. Actif ou passif, le tabac tue. Avec un taux de 21% des décès en Algérie, le tabagisme occupe la seconde place de cause de mortalité juste derrière les accidents de la route (28%). Agonisantes durant leur vie, 15.000 personnes meurent chaque année en Algérie de tabagisme. Quotidiennement, quelque 12.000 personnes subissent les affres de ce fléau à travers le monde. Soit un mort toutes les 8 secondes. D'ici 2030, préviennent les spécialistes locaux, le tabagisme risque de devenir, si la consommation persiste, la première cause de mortalité. Durant la journée du jeudi, 31 mai, coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le tabac, plusieurs journées scientifiques, qui se veulent sensibilisatrices, ont eu lieu dans les quatre coins du pays. Les Algériens consomment annuellement 1,05 milliard de paquets de cigarettes dont 97% sont importés. En dépit des lois, l'Etat ne maîtrise plus le marché et le tabac de contrebande foisonne. En d'autres termes, la cigarette consommée par l'Algérien, en sus des matières cancérigènes qu'elle contient, est de mauvaise qualité. Les conditions de transport ne répondent aucunement aux normes internationales. Autre anomalie qui ne fait qu'empirer, l'état de santé du fumeur. Force est de constater que cette cigarette consommée est trois fois plus nocive que celle vendue en Europe. Tout cela est ignoré par le citoyen, fumeur bien entendu. Les chiffres confirment la donne. L'Algérie recense, annuellement, 3000 nouveaux cas de cancer des poumons. Cela représente 40% des 10.000 cas de cancer enregistrés dans l'ensemble des hôpitaux du pays. «9 cancers des poumons sur dix sont dus au tabagisme» précisent d'autres spécialistes. La consommation mondiale, estimée à 30.000 tonnes, enregistre un accroissement annuel en moyenne de 5%. Une menace sur la vie. De récentes enquêtes ont démontré que même les enfants du primaire sont «contaminés». Près de 3% des fumeurs sont âgés entre 5 et 11 ans. La sonnette d'alarme est tirée quant à la prise en charge de cette frange vulnérable. A maintes reprises même. Pis encore, 12% des fumeurs sont des collégiens. Inconscients. Encore jeunes pour en connaître les conséquences, ces enfants souffrent en silence. Leur avenir est hypothéqué. A moins d'une intervention immédiate des hautes sphères de l'Etat. Nul n'est épargné. La gent féminine enregistre, de son côté, des statistiques alarmantes. Face à toutes ces inquiétudes, l'OMS, initiatrice de cette journée, recommande la mise en place d'espaces 100% non-fumeurs. Onirisme? Le même projet a été proposé à l'APN, il y a presque une décennie. Une lettre morte. Point. «C'est une certitude, respirer de la fumée secondaire est très dangereux pour la santé.» souligne un responsable de l'OMS. Aussi, il est recommandé de promulguer une législation exigeant que tous les lieux de travail ainsi que les espaces publics clos soient des espaces 100% non-fumeurs. Les lois devraient garantir une protection universelle et identique pour tous.