Pierre Galand croit qu'avec Nicolas Sarkozy, la politique française ne va pas forcément changer. Seul un travail de lobbying efficace pourrait contraindre les gouvernements à isoler le Maroc. Ce pays tente encore de mener le processus de négociations prévu par la résolution 1754 du Conseil de sécurité, vers l'impasse. Ces deux déclarations sont signées par Pierre Galand, président de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui. S'exprimant au sujet de la rencontre prévue, aujourd'hui, à Paris, entre les ministres des Affaires étrangères français et marocain, Pierre Galand estime que le Maroc «est aux abois et est allé chercher aide chez ses protecteurs». Autrement dit, il lui est bel et bien difficile d'accepter l'échec diplomatique après plus d'une année de bataille autour du projet dit «d'autonomie pour le Sahara». Le Royaume alaouite est appelé à accuser un second échec. Celui relatif au verdict que devra faire connaître, le mois d'octobre prochain, la commission de décolonisation de l'ONU sur le dossier sahraoui. Poussé par un souci de justice, le sénateur belge se rendra serein à la 4e commission de l'ONU. Il est aussi président du Comité international de solidarité avec la Palestine. Aujourd'hui, le Maroc est lié à la France. L'escale, à Paris, du chef de la diplomatie marocaine n'est pas innocente. C'est une nouvelle série de manoeuvres dilatoires. Pierre Galand croit qu'avec Nicolas Sarkozy, la politique française ne va pas forcément changer. Il est vrai que le soutien indéfectible de son prédécesseur, Jacques Chirac, est beaucoup plus une affaire de famille, mais avec Sarkozy il est aussi difficile de défier la tradition. «Le Maroc exerce un forcing diplomatique sans précédent», estime le conférencier. Exemple à l'appui, à Bruxelles, «le Maroc a nommé trois ambassadeurs, un pour l'Union européenne, l'autre pour la Belgique et un troisième pour la question du Sahara occidental». D'après lui, seul un exercice de lobbying est en mesure de contrecarrer ce forcing diplomatique. Le leader altermondialiste reste optimiste. Car, selon lui, le Maroc n'a pas d'alternative. «A la veille de la précédente réunion du Conseil de sécurité j'ai reçu la délégation marocaine et j'assure qu'il n'existe pas de projet appelé autonomie pour le Sahara». En d'autres termes, la délégation marocaine est venue les mains vides, prétendant qu'elle est détentrice d'un projet. Cette option est un danger pour la stabilité interne du Maroc, estime encore l'orateur. Car, à l'entendre, d'autres régions et/ou tribus vont réclamer la même politique. C'est en fait le même point de vue que développe Driss Basri, ancien ministre de l'Intérieur du Royaume. Pierre Galand considère que l'étape des négociations est essentielle. Mais le Maroc veut des négociations avec conditions, chose qui est contraire aux recommandations du Conseil de sécurité, dans sa résolution 1754 du 30 avril dernier. L'objectif actuel est de créer une Centrale tricontinentale, un lobby, avec des partenaires de l'Amérique latine, de manière à peser dans la bataille diplomatique aux Nations unies pour soutenir le droit légitime, reconnu par le droit international du peuple sahraoui à l'autodétermination, à en croire l'orateur. Faut-il rappeler dans la foulée que 32 personnalités marocaines proches du roi font l'objet d'une plainte en Espagne pour génocide au Sahara occidental.