Président de l'Eucoco (Conférence européenne de soutien et de solidarité au peuple sahraoui), Pierre Galand a bien voulu répondre à nos questions. L'Expression: Le rapport final de la 33e Conférence de l'Eucoco encourage les négociations en cours entre le Front Polisario et le Maroc, êtes-vous optimiste sur l'issue de ces conciliabules? Pierre Galand: Pour nous les négociations entre les deux parties en conflit, c'est-à-dire le Front Polisario et le Maroc, sont une étape importante dans la mesure où c'est une réaffirmation par l'ONU que la question sahraouie relève purement et seulement d'une décolonisation. Le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui est donc réaffirmé également et la résolution 1754 cadre parfaitement avec l'espace du débat qui doit se tenir. C'est-à-dire que la résolution 1754, votée par le Conseil de sécurité le 30 avril 2007 cherche une solution, sous les auspices des Nations unies, à un conflit, mais qui doit impérativement consacrer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les Marocains ont essayé vainement de dévier la résolution vers l'autonomie, mais la Quatrième Commission de l'Assemblée générale de l'ONU, dite commission de décolonisation, vient d'adopter, par consensus, une nouvelle résolution dans laquelle le droit des Sahraouis à l'autodétermination est confirmé ainsi que la nature du conflit qui relève d'une décolonisation. Ce sont en fait les principes fondamentaux de la question sahraouie. Ces négociations sont donc en conformité avec la légalité internationale. Comment interprétez-vous les tentatives marocaines de saboter le processus de paix? Ce n'est pas nouveau, car depuis le début du conflit, le Maroc a tenté toutes les manoeuvres possibles. Mais ces tentatives reflètent l'échec de ces manoeuvres. D'ailleurs, les accords de Madrid, à titre indicatif, ne sont pas reconnus par l'ONU car ils (les accords) n'ont pas de bases internationales légales. Les tentatives de sabotage du Maroc ne datent pas donc d'aujourd'hui car, depuis la marche verte le Maroc essaie encore d'imposer l'annexion qui est justement le même plan dit d'autonomie. Ce qui veut dire tout simplement que la politique marocaine sur le Sahara n'a jamais changé. Il est regrettable de voir certains pays aujourd'hui, comme la France, protéger ce plan d'autonomie, mais malgré cette position, les manoeuvres marocaines et le silence irresponsable de l'Espagne, on peut constater que le droit international demeure la référence de la résolution 1754 et celle de la Quatrième Commission de décolonisation. Cela dit, le droit international est clair et la communauté internationale et certaines institutions mondiales, à l'instar de l'Union africaine, ne reculeront jamais devant la justesse de la cause sahraouie. Quel commentaire faites-vous sur la position de l'Italie et la proposition du Parlement italien quant à l'ouverture d'une représentation diplomatique à Rome? Je me réjouis de la position italienne et la proposition du Parlement qui est très salutaire. L'Italie, en tant que membre du Conseil de sécurité, a aussi joué un rôle important. Il est regrettable qu'il n'existe pas de position au sein de l'Union européenne du fait de l'inexistence d'une politique étrangère commune au sein de l'UE. La seule position officielle de l'Union européenne c'est le soutien aux Nations unies. On peut comprendre donc que la position de l'Union européenne est une position de soutien au processus de paix qui n'est pas l'autonomie, bien évidemment. Maintenant il se trouve que, vu la pression et les intérêts économiques, les pays européens soutiennent massivement le Maroc et le considèrent comme partenaire dans la lutte antiterroriste. C'est un argument qui est complètement fallacieux. Vous venez de parler de la lutte antiterroriste au Maroc au moment où les USA viennent de signer un contrat d'armement avec le Maroc, comment interprétez-vous le procédé américain? Il faut que vous sachiez que les USA, comme la France, l'Inde et Israël, sont des vendeurs d'armes et, de ce fait, tout argument est valable pour vendre les armes au Marocains. Les Marocains qui ont annulé un contrat avec la France se disent, puisque les Français sont avec nous, on va essayer de gagner les Américains en achetant leurs armes. Concernant la France de Sarkozy et de Kouchner qui est un ami des Marocains, je ne crois pas que la position française va changer, mais il est à constater, aujourd'hui, que la France perd de plus en plus ses capacités d'influence sur la politique et les relations internationales.