Il ne faudrait surtout pas faire la fine bouche connaissant la situation de notre football. L'image était assez évocatrice de la déception des Algériens. Anther Yahia tapa fortement le sol de son pied droit et faillit même y aller de son poing. Juste à ses côtés, Karim Ziani se tira les cheveux de dépit. Quelques secondes auparavant, l'arbitre de ce match Cap-Vert-Algérie, l'Ivoirien Charef Boubacar, avait sifflé la fin d'une confrontation qu'il avait prolongée de quatre minutes au-delà de son temps réglementaire. Ce furent ces quatre minutes qui permirent aux adversaires des Verts d'obtenir un match nul qu'ils concrétisèrent par un but inscrit au bout de deux minutes dans le temps additionnel. Un résultat logique et que les Algériens doivent accepter en toute sportivité même s'il est rageant de prendre un but au moment où l'on pensait que la victoire ne pouvait plus vous échapper. Il y a que ce match nul permet à l'équipe d'Algérie de conserver sa première place de son groupe de qualification pour la CAN et ce, quel que soit le résultat de Guinée-Gambie qui se jouait hier soir. Une confrontation qui devrait normalement se terminer en faveur des Guinéens qui reviendraient à un point des Verts. C'est dire que la rencontre du 16 juin entre ces deux équipes, au stade du 5-Juillet, sera une sorte de finale pour la qualification à la phase finale de la CAN, même si celui qui sera défait aura, quand même, des chances d'aller au Ghana en faisant partie du lot des trois meilleurs seconds sur les douze groupes de qualifications. Il est sûr que le match nul obtenu à Praïa par les Algériens samedi soir, a dû décevoir pas mal de gens. Seulement, il convient de ne pas se tromper de cible. Il ne faudrait pas prendre ce résultat comme un échec car cela voudrait dire que l'équipe nationale a atteint une telle maturité, un tel degré de développement, qu'il lui était impossible d'être freinée par les Capverdiens. Dans de tels moments, il faut garder les pieds sur terre. Depuis quand a-t-il été question du renouveau de cette équipe? Avons-nous oublié sur quel football elle se base? Avons-nous, par miracle, réussi à faire de ce football l'un des plus performants du continent pour penser, un seul instant, qu'il était capable de nous fournir une sélection pouvant jouer les premiers rôles? Assez de rêver, messieurs dames. C'est du football algérien dont il s'agit. Ce football dont l'élite vous fourgue chaque week-end l'un des championnats les plus soporifiques de la planète, tout cela parce qu'il n'a pas pu se renouveler et est resté endormi sur les lauriers de l'épopée de 1982. C'est de l'équipe nationale ballottée et humiliée lors des qualifications à la Coupe du monde 2006 et à la CAN 2006 qu'il est question. Comment peut-on, aujourd'hui, jouer les fiers-à-bras alors que cette sélection traîne, encore, sa misère dans le classement mensuel FIFA? Comment peut-on se permettre de penser que cette équipe du Cap-Vert ne pouvait jouer que le rôle de faire-valoir devant la nôtre? Il ne s'agit nullement d'un jugement dévalorisant et défaitiste. Il ne fait que traduire la triste réalité. Cela dit, il faut rendre hommage aux joueurs et à leur entraîneur. On se souvient encore des railleries de certains lorsqu'ils ont appris que Cavalli allait entraîner l'équipe nationale. Pour eux, il aurait fallu ramener un «gros calibre» pour espérer monter une grande équipe. Nous disions à l'époque qu'il ne fallait jamais juger quelqu'un avant de l'avoir vu à l'oeuvre. Et ce quelqu'un est en train de réussir ce pour il a été recruté: qualifier l'équipe nationale à la CAN-2008. Le fait est là. Face au Cap-Vert, dans un stade dont le terrain ressemble à celui de Zioui d'Hussein Dey, Cavalli a eu à gérer une situation à laquelle il ne s'attendait certainement pas: trouver une solution à une équipe réduite à dix éléments à la suite de l'exclusion du gardien Gaouaoui à la 27', c'est-à-dire à un moment où il restait pas mal de temps à jouer et où le score était encore de 0 à 0. Même avec une équipe qui a joué à dix con-tre onze chez l'adversaire, il s'est trouvé des gens à regretter que l'équipe n'ait pas trop attaqué. Comme si les Capverdiens n'existaient pas sur le terrain. On avait simplement oublié que ceux-ci étaient invaincus depuis belle lurette chez eux et que les Guinéens avaient perdu, sur ce même terrain. Oui les Guinéens présentés comme les grands favoris de ce groupe au départ de la phase de qualification. En dépit du fait d'évoluer en infériorité numérique, les Algériens ont, par deux fois, mené au score et n'ont été rejoints qu'à quelques secondes du coup de sifflet final. Ces Algériens-là, en plus d'avoir vu un des leurs exclu, avaient connu quelques déboires lors de cette préparation de ce match puisqu'aux forfaits connus de Belhadj et de Bouazza, sont venus s'ajouter ceux de Meniri et de Mansouri. Autant dire qu'on avait là quatre titulaires qui se retrouvaient en rade, sans oublier le retrait de Hadj Aïssa. En tenant compte de tous ces paramètres, le nul de Praïa est à prendre comme un résultat satisfaisant. C'est le pragmatisme qui le commande. En dehors de cela tout n'est que broutille et du bla bla.