La question de la formation du nouveau gouvernement pèse lourdement sur les débats politiques. Le statu quo actuel, observé au niveau du gouvernement laissé sans patron et constitué par des ministres intérimaires, prête à plusieurs lectures. La démission annoncée de l'ancien Exécutif dirigé par Abdelaziz Belkhadem et la non-formation d'une nouvelle équipe est une situation inédite dans l'animation de la vie politique en Algérie. L'Assemblée nationale à peine installée, donc pas encore fonctionnelle, et un gouvernement réduit à sa plus simple expression, n'ont pas altéré l'agenda du président de la République qui vaque à ses occupations sans la moindre occlusion. Les observateurs avertis ne sont pas surpris. Le cadre planté colle bien au style Bouteflika. La présidence donne l'impression d'être l'unique institution républicaine qui fonctionne selon des règles établies. La vie politique est suspendue. Tous guettent le moindre indice pouvant émaner du palais d'El Mouradia. La question de la formation du nouveau gouvernement pèse lourdement sur les débats politiques menés au sein du microcosme politique d'Alger et les coulisses de l'APN. D'aucuns se demandent si Bouteflika et son staff ne sont pas en train de plancher, pour sortir des sentiers battus, sur la constitution d'un gouvernement de technocrates. Avec de nouvelles têtes issues d'horizons divers. Quel que soit leur profil. Le rétablissement de la confiance au sein de la société est une urgence pour mobiliser ses potentialités dans l'application du programme présidentiel dans son volet social et économique. Certaines sources n'écartent pas l'éventualité de voir le président de la République faire appel à une personnalité qui n'a pas d'attaches avec les partis pour mener à terme son projet. Certains noms qui circulent le plus, ces derniers temps, sont connus, d'autres pas. Chérif Rahmani, Abdelmalek Sellal, Amar Ghoul, Tayeb Louh...par exemple ont fait du bon travail dans leurs secteurs respectifs. D'autres, à l'instar de Abdelkrim Ghrieb, El Hachemi Djiar déjà pressentis pour le poste de président de l'APN ont de fortes chances de se voir confier la direction de l'Exécutif. Plusieurs noms de technocrates issus du milieu universitaire ayant une certaine expérience dans le monde de la politique et de la gestion, circulent au sein de l'hémicycle. Il faut bien le dire, tous les élus ne sont pas mauvais même si les électeurs ont voulu sanctionner la classe politique dans son ensemble pour sa faillite sur le terrain. Des universitaires comme le Pr Boudaoud Abdelamine, spécialisé dans le domaine de l'enseignement et de la recherche dont le nom circule avec insistance au sein de l'APN pour occuper le poste du ministre de la Jeunesse et des Sports ou du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, présentent un profil idéal pour constituer une alternative qui va dans la direction du changement souhaité par tous. Ce qui va remettre en cause la politique du quota adoptée jusque-là pour impliquer les partis de l'Alliance présidentielle dans la gestion des affaires du pays. Dans ce cas de figure, les trois partis qui constituent la majorité à l'APN seront appelés à soutenir la nouvelle équipe. Un gouvernement constitué de la sorte engloberait, aussi bien des ministres rescapés de l'ancien staff, que des technocrates, cadres de l'Etat, qui n'auront pas de compte à rendre aux partis politiques. Soit un gouvernement restreint qui travaillerait en étroite collaboration avec le président de la République pour sortir le pays du blocage actuel, accélérer les réformes, et améliorer le quotidien des citoyens. D'autant plus que les conditions sont favorables pour un vrai décollage économique. Le président de la République semble se donner le temps nécessaire pour ficeler son équipe. La mise entre parenthèses du gouvernement n'a pas donné l'impression d'influer sur le cours des événements.