La démission, hier, du gouvernement a apporté son lot de questions sans réponse qui viennent s'ajouter aux interrogations suscitées par le maintien de Abdelaziz Belkhadem et de son staff au lendemain de la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel. La désignation de ministres intérimaires n'a fait qu'ajouter du flou à l'illisibilité de la situation. Avec une dizaine de jours de retard, Abdelaziz Belkhadem a enfin présenté la démission de son gouvernement au chef de l'Etat. Retard, car une observation à la lettre des dispositions de la loi fondamentale du pays aurait induit la fin de mission de l'exécutif immédiatement après la confirmation des résultats des législatives par le Conseil constitutionnel. L'institution de Boualem Bessaïeh a rendu son verdict, le 21 mai, confirmant les chiffres communiqués par Zerhouni à 2 ou 3 sièges près, et point de démission du staff mené par le patron du FLN. Même si ce dernier a avancé au cours de ses différentes sorties médiatiques une autre lecture de l'article 113 de la constitution, suggérant que la démission peut intervenir après que le Conseil constitutionnel eut statué définitivement sur les recours introduits par les partis, il n'en demeure pas moins que cette temporisation a donné lieu à moult interrogations et suscité de vives inquiétudes chez les observateurs et la classe politique qui y ont cru déceler les signes d'un cafouillage au sommet de l'Etat. D'autant que c'est la première fois, du moins depuis la tenue des premières législatives pluralistes en 1997, que le pays vit une telle situation. Loin de mettre un terme aux spéculations et de rassurer les plus sceptiques, la démission de Abdelaziz Belkhadem a, au contraire, ajouté du flou à l'illisibilité qui caractérise la situation. En ce sens que le président de la République n'a pas procédé à la nomination d'une nouvelle équipe gouvernementale, se contentant de charger le chef du gouvernement sortant d' «expédier les affaires courantes» en attendant la mise en place d'un nouvel exécutif. Autrement dit, Bouteflika n'a ni retiré ni renouvelé sa confiance au chef du parti majoritaire. Une pratique appropriée seulement dans le cas d'une démission inopinée du gouvernement. Ce qui n'est pas le cas. L'autre élément qui laisse les observateurs et commentateurs intrigués, reste cette «trouvaille» qui consiste à charger des ministres du gouvernement d'assurer l'intérim de certains de leurs «collègues» élus députés lors du scrutin législatif. 19 départements, gérés pour la plupart par des ministres issus du FLN, seront désormais conduits par des intérimaires qui continueront parallèlement à s'occuper de leurs propres portefeuilles. A commencer par le ministère de l'Education qui sera désormais géré par le chef du gouvernement lui-même. Du jamais vu dans l'histoire du pays. Le motif du cumul de mandats interdit par la loi ne peut, à lui seul, expliquer le recours à un tel procédé. Reste à savoir le temps que durera cette «transition». Une autre interrogation qui taraude d'ores et déjà les esprits des analystes qui estiment, toutefois, que la désignation d'un nouvel exécutif ne pourra pas intervenir avant au moins trois jours, soit le temps que durera la visite du président hongrois dans notre pays.