Situation n Loin du voile traditionnel de nos mères et grands-mères, la tendance est, aujourd'hui, au hidjab venant tout droit des pays du Golfe. «Si l'on restreignait la population adulte féminine aux seules femmes de 18 à 49 ans, celle portant le hidjab est identique à celle rencontrée au sein de toute la population féminine de 18 ans et plus», indique le Ciddef. Soit, en moyenne, 8 femmes sur 10. Chez les adolescentes, la prédominance du hidjab est légèrement inférieure : 6 femmes sur 10 le portent. En revanche, plus on avance en âge, plus le nombre des femmes portant le hidjab, augmente. «Il y a plus d'adolescentes de 14 à 17 ans qui le portent dans ses formes plus ou moins strictes que d'adolescentes qui ne le portent pas», estime l'enquête. Nombreuses sont celles, observe le Ciddef, qui ne respectent pas les consignes strictes du port du hidjab. Ce qui est très visible, d'ailleurs, dans le choix des couleurs de moins en moins sombres et le peu d'intérêt accordé à la dissimulation des rondeurs du corps. La forme la plus répandue chez les femmes comme chez les adolescentes est celle qui consiste à se couvrir seulement la tête avec un foulard et de porter une tenue moderne à savoir une jupe longue, un jean, un pantalon, un tailleur, une robe…, indique cet organisme. À vrai dire, les nouvelles «reconverties» au hidjab ne semblent pas encore prêtes à laisser tomber toutes leurs garde-robes. Les enquêteurs soulignent, dans ce contexte, que seules les femmes plus ou moins âgées optent généralement pour le «hidjab multazim» (stricte). Cette forme de voile qui se manifeste par le port d'une sorte de djellaba couvrant tout le corps avec un foulard, ne fait pas l'unanimité chez la nouvelle génération. L'adoption de cette nouvelle apparence au détriment du voile traditionnel maghrébin est, en tout cas, justifié par le fait que ce dernier est «jugé moins pudique que la nouvelle tenue adoptée». Le «Tchador», cette variante de hidjab plus austère, continue, pour sa part, à compter peu d'adeptes. Elles ne sont que 1% de la population adolescente et 2% de celle des adultes à être concernées. Par ailleurs, le port du hidjab reste très distinct d'une région à une autre du pays. C'est le fait le plus marquant révélé par cette enquête. En effet, il s'est avéré qu'il y a moins de filles adolescentes et femmes en hidjab dans la région centre, Alger et Kabylie que dans les autres régions du pays. Chiffres à l'appui, le Ciddef a constaté que pas moins de 65% des femmes qui ne portent pas du tout le voile se trouvent en Kabylie. Le reste, soit environ le tiers, se répartit surtout sur Alger et, dans une moindre mesure, sur la région Nord et Centre. L'enquête a révélé aussi que le fait de ne pas porter de voile n'est pas nettement plus fréquent au sein de la jeunesse : 18% des femmes adultes de moins de 29 ans ne sont pas voilées dans ces régions. Le taux chez la tranche d'âge de 29-40 ans est estimé à 16% contre 15% pour les plus de 40 ans.