En matière de changement climatique, le Rubicon a été franchi depuis longtemps. Le réchauffement climatique. Le gros sujet du G8. La priorité d'Angela Merkel. Le sommet du G8 s'est ouvert hier sur fond de divergences. L'Allemagne n'est pas arrivée à fixer des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre à Heiligendamm. L'ouverture du sommet du G8 a été tumultueuse tant sur le climat que sur le débat de fond. La chancelière allemande qui a encore exhorté hier les pays les plus industrialisés à agir de façon déterminée, a essuyé une sérieuse déconvenue. Les Etats-Unis refusent. Les Etats-Unis ont fait savoir que le sommet n'énoncerait pas d'objectif global à long terme de réduction des gaz à effet de serre. Normal. Le pays de l'oncle Sam est l'un des rares à ne pas ratifier le protocole de Kyoto. Les Américains s'accordent un délai de 18 mois, soit après les Jeux olympiques de Pékin, prévus du 8 au 24 août 2008, où le taux de pollution dépasse par moments de 2 à 3 les normes de l'OMS. D'ailleurs, les Etats-Unis sont contre l'idée d'un boycott des J.O de Pékin pour inciter la Chine à faire pression sur le gouvernement soudanais et obtenir la fin des exactions au Darfour. Certes, dans l'histoire des Jeux, les boycotts n'ont jamais résolu les problèmes politiques. La Chine, soutenue indirectement par les USA, en tant que pays émergent, n'est pas contrainte à respecter le protocole de Kyoto. Pourtant, le pays est affecté par le réchauffement global de la Terre: notamment les glaciers de l'Himalaya ce qui a des conséquences sur les cours d'eau qui naissent dans ces montagnes et coulent en Chine. Le développement industriel rapide de la Chine provoque une augmentation de la pollution atmosphérique, en particulier dans les grandes agglomération du pays. D'ailleurs, les observateurs estiment que la Chine devrait dépasser les Etats-Unis en termes de rejet de Co2 et devenir le premier pays pollueur du monde. Les conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé des Chinois sont dramatiques. On estime qu'elle est responsable de 358.000 décès et 640.000 hospitalisations en 2004. En février dernier, lors du marathon de Pékin, 22 athlètes ont eu des complications respiratoires en raison d'un taux de pollution élevé, quelques athlètes sont même morts. En Australie, le lac où ont eu lieu les Jeux olympiques de Melbourne de 1956 est asséché. Les «avironistes» sont aujourd'hui contraints de s'entraîner dans des salles. L'Australie, au même titre que les Etats-Unis, continue de refuser de signer les accords de Kyoto. «Nous pouvons dire qu'en matière de changement climatique, nous avons franchi le Rubicon. La question n'est plus de savoir si le monde doit agir, mais comment et quand» s'est interrogé José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. C'est la question à laquelle devra le sommet du G8 trouver réponse. Il y va de la survie de l'humanité.