Il fait très chaud aux alentours de l'université de Soumaâ à Blida. Lourde journée après une nuit mouvementée. Les résidents des trois cités universitaires mitoyennes sont sortis avant-hier soir pour crier leur colère. Motif : des dizaines d'étudiants ont été victimes d'intoxication le soir même au niveau de la résidence II ( garçons) et de la résidence III (filles). Sit-in et cris de colère ont animé le grand axe routier adjacent à l'université jusqu'à deux heures du matin. Le lendemain, les étudiants bloquent la même route et ferment le portail de l'université, sous le regard des services de sécurité venus beaucoup plus pour observer que pour «bastonner» semble-t-il. «Il y a des étudiants qui sont morts», lancent des étudiants dont les signes d'insomnie et de fatigue marquent le visage. «Faux», rétorque le vice-recteur, M.Boufenara qui refuse de parler de cas d'intoxication. «Il s'agit d'étudiants qui ont eu un malaise et qui ont été évacués vers les centres de santé», soutient-il, en ajoutant que les résidents souffrants ont tous regagné leurs cités respectives. Des sources médicales de Blida confirment dans la matinée d'hier qu'aucun décès n'est à signaler. Les étudiants avaient exigé de rencontrer le wali, «mais ils n'arrivent même pas à s'entendre pour dégager une délégation», glisse avec sourire le vice-recteur qui accuse «certains courants» de récupération et d'exagération en ironisant: «C'est une double intoxication!» En fait, plus que la rencontre avec les autorités locales, les représentants syndicaux des étudiants demandent la constitution d'une commission d'enquête interministérielle pour étudier «le cas des intoxications trop fréquents» et la démission des responsables de cette situation. Le directeur de l'administration générale de la résidence universitaire II, M.Nesroun, dont les traits du visage disent toute une nuit passée éveillé, informe que 38 résidents ont été évacués vers des centres de santé pour cause d'intoxication. «Après les premiers soins d'urgence ils ont regagné la résidence, seuls deux cas ont été gardés en observation pendant une heure, mais ils sont rentrés juste après», assure t-il. «Mais il n'y a eu aucun décès dans l'ensemble des résidences universitaires», tient-il à affirmer. Il ajoute qu'au niveau de la résidence de filles, on dénombre 86 cas semblables sans gravité. Les laboratoires compétents ont commencé à effectuer des analyses sur des plats-témoins et sur des échantillons d'eau. «C'est la piste d'une intoxication hydraulique qui est la plus plausible, car des quartiers mitoyens des cités comme celui de Sidi Aïssa ont connu ce genre de problèmes après les pluies de ces derniers jours». En fait, les intoxications ont commencé à poindre du nez dans l'enceinte des résidences vendredi dernier et ont donc connu un pic lundi soir. Les responsables de la cité universitaire II ont, depuis hier matin, coupé toutes les conduites d'eau et n'approvisionnent la cité que par des camions-citernes, «par mesure de prévention», précise M.Nesroun. Ce dernier accuse également l'Ugel (Union générale estudiantine libre) d'avoir envenimé l'atmosphère «en tentant d'entraîner les étudiants lundi soir dans la rue», selon les termes du DAG de la résidence II. Impossible de rencontrer le directeur de la cité des filles, le vice-recteur s'excuse: «Il s'est enfui, ils voulaient sa peau.» Le sit-in devant l'université est toujours maintenu et les quelques étudiants qui rodent encore aux alentours oscillent entre indifférence et détermination.