L'Algérie a menacé, hier, de liquéfier une partie du gaz du gazoduc Medgaz Grincements dans les relations algéro-espagnoles. Le point de discorde: le gaz. Le ministre de l'Energie et des Mines réagit. Chakib Khelil veut remettre les pendules à l'heure. L'Algérie a menacé, hier, de liquéfier une partie du gaz du gazoduc Medgaz devant la relier à l'Espagne en 2009, pour le vendre directement, si Madrid persistait à lui refuser d'en avoir 36% des actions, a affirmé le ministre de l'Energie. Si les blocages venaient à persister, Sonatrach (société publique d'hydrocarbures) opterait pour l'alternative de la liquéfaction de son gaz pour le vendre sur d'autres marchés dans le monde, ce qui rendrait le gazoduc Medgaz économiquement peu rentable, a affirmé Chakib Khelil. Par ailleurs, intervenant en marge de la conférence relative au programme national de distribution de gaz, Chakib Khelil a révélé que Sonatrach a introduit, vendredi, un recours auprès de la Commission nationale de l'énergie (CNE, organisme régulateur du secteur en Espagne). Le groupe dénonce les conditions espagnoles à l'accès du gaz algérien au marché espagnol. Sonatrach estime que les conditions, telles quelles, sont une interférence au libre exercice de l'économie de marché. «C'est une interférence dans la gestion normale d'un actionnariat», selon le ministre. En effet, depuis le retrait de Total et British Petrolium (BP) du projet Medgaz, Sonatrach a vu ses parts d'actionnariat passer à 36%, ce qui représente 3 milliards de m3. Face à cette redistribution des actions, l'Espagne a fait valoir des conditions supplémentaires qui ne semblent point satisfaire l'Algérie et Sonatrach.L'une de ces conditions est que Sonatrach ne pourra transporter moins de 80% du gaz. Or, elle a déjà une restriction de ne commercialiser qu'un milliard de m3 sur les 3 qui reviennent à Sonatrach. «Ce sont deux conditions contradictoires», a déclaré M.Khelil. L'Algérie, a-t-il souligné, avait déjà informé la partie espagnole qu'elle ne peut, en aucun cas, accepter les décisions «unilatérales» prises par la Commission espagnole de l'énergie, sans l'avoir, au préalable, consultée. Des décisions, a dit le ministre, qui réduisent la possibilité pour Sonatrach de commercialiser directement son gaz, via sa filiale en Espagne. Cette situation remet donc en cause le projet du Medgaz. Le ministre a reconnu qu'avec la décision de l'Espagne, le projet ne sera pas rentable pour notre pays. Mais voulant être rassurant, le ministre dira: «Je pense que nous allons régler ce problème, sinon il y a d'autres alternatives». Ces alternatives consistent à vendre le gaz algérien à d'autres pays européens ou même à la Corée du Sud qui est très intéressée pour acheter du gaz naturel liquéfié (GNL). D'un coût total de 900 millions d'euros, le gazoduc Medgaz, qui reliera directement l'Algérie à l'Espagne, doit entrer en service en 2009. Toujours sur ce lourd dossier des relations énergétiques entre l'Espagne et l'Algérie, le ministre a encore évoqué les négociations sur les prix du gaz. L'Algérie a décidé, affirme M.Khelil, de faire appel à l'arbitrage international. Jusque-là, cette procédure n'était qu'une simple idée. Puisque le conflit persiste, l'Algérie a donc pris sa décision à ce propos. Le ministre de l'Energie et des Mines a imputé à la partie espagnole, la responsabilité du «blocage» des renégociations algéro-espagnoles sur les prix du gaz. Il a expliqué que l'Algérie a exprimé la volonté de faire sortir les négociations de l'impasse, en faisant des propositions qu'elle a officiellement communiquées aux Espagnols, mais dont elle n'a pas eu de réponse.