Après le recours introduit par Sonatrach, il y a une semaine, la société Medgaz vient de prendre le relais en présentant à son tour hier un recours auprès du ministère espagnol de l'Industrie contre les conditions imposées par la Commission nationale espagnole de l'énergie (CNE) à l'augmentation par Sonatrach de sa participation dans le capital de Medgaz de 26 à 36 %. Selon M. Dominique de Riberolles, le conseiller délégué de la compagnie pétrolière espagnole Cepsa, qui détient 20 % du capital Medgaz, la décision de recours a été prise lors d'une réunion tenue jeudi matin, des partenaires dans le projet Medgaz. Le responsable de Cepsa a souligné que les conditions imposées par la CNE à Sonatrach "empêchent le fonctionnement normal" de la société Megdaz dans la mesure où certaines de ces conditions n'affectent pas uniquement Sonatrach mais influent sur "tout" le projet. Le président de Cepsa, M. Carlos Perez de Bricio, a, de son côté, qualifié "d'excessives" les conditions de la CNE, affirmant que la position défendue par Sonatrach est "logique". Il s'est dit confiant que les "malentendus" seront résolus rapidement. "Je crois que la décision de la CNE sera révisée", a-t-il dit. Cette information a été, par ailleurs, confirmée hier par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, de Vienne où il participe à la 4e réunion ministérielle sur le dialogue énergétique entre l'Union européenne (UE) et l'Opep. Le ministre a souligné que tous les partenaires dans la société à savoir Cepsa, Iberdrola, Endesa, Gaz de France et Sonatrach, ont décidé de faire un recours contre les décisions de la CNE. Une décision qui, a ajouté M. Khelil, porte atteinte au bon fonctionnement de la société et à la bonne marche du projet Medgaz. Pour rappel, la CNE avait autorisé, en mai dernier, Sonatrach à élever sa participation dans Medgaz, assujettissant, cependant, cette autorisation à plusieurs conditions. La commission avait, en effet, pris une série de décisions relatives aux conditions d'exploitation du gazoduc, notamment l'obligation faite pour la partie algérienne de garantir une capacité supplémentaire au gazoduc. L'Algérie, qui voit en cela une contrainte, ne manque pas de montrer du doigt les disproportions avec lesquelles l'autorité de régulation espagnole traite ce dossier. Par la voix de son ministre de l'Energie, l'Algérie a brandi la menace de liquéfier son gaz naturel et de l'acheminer vers d'autres marchés. "Si les blocages venaient à persister, Sonatrach opterait pour l'alternative de la liquéfaction de son gaz pour le vendre sur d'autres marchés dans le monde", a affirmé récemment M. Khelil pour qui la diversification des clients a de tout temps constitué une priorité. Une telle option serait, par contre, de l'avis du ministre, préjudiciable pour la rentabilité du gazoduc. Medgaz deviendrait ainsi "économiquement peu rentable", a estimé le ministre. Suspendu à la décision de la CNE espagnole, Medgaz, dont la réception est programmée pour 2009, pourrait ainsi accuser du retard. En effet, Sonatrach n'est pas prête à concourir financièrement au-delà des 26% qu'elle détient. M. Khelil s'est voulu clair là-dessus. "A chaque fois qu'il y a une demande de fonds, nous contribuerons à hauteur de 26%, ce qui représente des risques pouvant retarder l'achèvement du projet". Les partenaires de Sonatrach dans la société Medgaz semblent avoir saisi l'enjeu de ce litige. Au-delà de l'intransigeance de l'Algérie, ces derniers se soucient de la pérennité du projet. Loin des décisions contradictoires de la CNE, les actionnaires de Medgaz appuient de fait la position de Sonatrach qui reste garante de l'aboutissement du projet dans les meilleures conditions.