L'équipe sétifienne ne doit pas répéter les erreurs du passé qui lui avaient beaucoup nui. Vingt ans après. Vingt longues années d'errements et de misère. L'Entente de Sétif peut, aujourd'hui, savourer son bonheur d'avoir retrouvé la première place de la hiérarchie du football algérien, elle qui, pendant longtemps, n'avait plus connu le goût d'un succès final dans une compétition nationale. Le titre de Champion d'Algérie, obtenu de haute lutte, est venu mettre fin à cette insoutenable attente pour les milliers de supporters de l'équipe en Noir et Blanc. Ces supporters qui n'oublieront pas de sitôt cette année 2007, puisque quelques semaines auparavant, ils avaient paradé dans leur ville pour fêter le titre arabe de leur équipe. Il ne se trouvera sûrement personne pour contester la consécration nationale de l'Entente. Pas même Moh Chérif Hannachi qui disait avant le déroulement de la 29e journée du championnat que la formation sétifienne méritait le titre. Il suivait en cela, son collègue Saïd Allik qui, lui, nous affirmait déjà, lors des matches aller que l'Entente avait un parcours de champion. C'est justement lors de la phase aller que l'ESS a, à notre avis, bâti son succès. Après avoir (en match retard) frappé un grand coup en s'imposant, 3-2, chez la JSK, le champion en titre, lors de la première journée de la compétition, l'équipe sétifienne avait connu l'un de ses rares «couacs» à domicile face à la JSM Béjaïa (0-0) lors de la seconde étape. On avait cru à un coup de frein mais il n'en avait rien été puisque par la suite l'Entente avait aligné sept victoires successives dont quatre à l'extérieur. A ce moment, elle écrasait tout sur son chemin et on ne voyait pas qui pouvait l'empêcher d'aller vers son but qu'était le titre de champion. Son avance était telle que ceux qui suivaient ne le faisaient qu'avec peine. Mais parallèlement à la compétition nationale, elle était sur le front de la Champion's League arabe où ses débuts avaient été très encourageants. Cette double participation à deux évènements sportifs en même temps devait peser sur ses performances puisque, la fatigue aidant, ses joueurs s'étaient mis à ne plus carburer comme avant. On avait ressenti cela dès la 10e journée de la division 1 lorsque l'Entente avait été tenue en échec à domicile par l'OM Ruisseau. Immédiatement après ce match, elle avait connu sa première défaite de la saison à Tlemcen face à un Widad pourtant pas très performant à l'époque. Ce fut alors la traversée d'une longue période d'incertitude pour le Onze sétifien qui aligna une série de sept matches sans victoire exceptée celle de la 13e journée, à domicile, contre la Mouloudia d'Alger. Si on ajoute les matches de l'OMR et du WAT, l'ESS avait enregistré en neuf rencontres, un succès, quatre nuls et quatre défaites dont une de très mauvais goût, à domicile face au CRB. Toute l'avance qu'elle possédait au classement général fondit comme neige au soleil et sa première place fut en danger. Ce fut le moment où la direction du club procéda au changement du staff technique avec la venue de Rabah Saâdane pour remplacer un Rachid Belhout dont personne n'osera contester qu'il fut pour beaucoup dans l'avènement de l'équipe sétifienne. Et la coupe porta ses fruits puisque le match qui pouvait lui faire perdre la première place, celui de la 19e journée à Bologhine, contre l'USM Alger permit à l'ESS de retrouver sa solidité et ses esprits avec un bon match nul (0-0). C'est en préservant sa première place ce jour-là que l'ESS s'était donnée le moral d'un futur champion. Bien sûr, la suite ne fut pas que parsemée de succès mais l'équipe sétifienne sut résister à tous les coups de boutoir de ses concurrents jusqu'au sacre de ce vendredi. Un sacre, répétons-le, amplement mérité et qui en appelle, certainement, d'autres sauf si l'ESS retombe dans ses erreurs du passé où elle n'avait pas su gérer une consécration. Les Sétifiens doivent méditer ces leçons d'autrefois et faire en sorte qu'elles ne se répètent pas.