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«Il faut redonner la parole au peuple»
LOUISA HANOUNE À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 17 - 06 - 2007

Dans cet entretien, Louisa Hanoune s'est exprimée sur plusieurs questions politiques et économiques de l'actualité. Elle a relevé la nécessité d'une Assemblée constituante pour débattre de la révision de la Constitution.
L'Expression: Avec un taux d'abstention de 65%, pensez-vous que l'APN aura une légitimité durant les cinq prochaines années?
Louisa Hanoune: Aucune législature depuis 1997 n'a eu la légitimité suffisante, parce que les scrutins se sont déroulés sur fond de crise à chaque fois, ce qui a permis la manipulation des résultats. Les problèmes qui ont surgi, cette fois-ci, démontrent que le rétablissement de la paix et le recouvrement de toutes les conditions d'exercice de la politique sont, non seulement des conditions pour des élections libres, mais c'est désormais une question de souveraineté nationale.
Les rapports des wilayas établissent tous que, considérant l'abstention massive, notamment des jeunes et que 26% des Algériens sont analphabètes, les personnes âgées, qui ont constitué l'essentiel des votants, ont eu des difficultés à identifier les listes de leurs choix, en l'absence de signes distinctifs sur les bulletins de vote.
La confusion était totale au regard du nombre effarant de listes, ce qui a facilité le trucage des résultats dans certains endroits.
Mais le recours à la corruption à grande échelle par l'achat des voix et l'instrumentalisation de la religion, et du tribalisme qui est venu s'ajouter au commerce avec les parrainages des listes, sont à notre avis, le plus grand danger pour la démocratie politique.
Lorsque l'argent et les affaires interfèrent dans la politique, c'est la mort de la démocratie par la «mafiosisation» de l'exercice de la politique.
C'est pourquoi, il nous parait que cette question est primordiale dans la révision de la loi électorale. Il suffit de fermer la porte devant les corrupteurs et de supprimer le financement des commissions dites de surveillance des élections, pour assainir le climat politique, sans remise en cause des acquis démocratiques, ni exclusion de partis sur la base des résultats électoraux.
En tout état de cause, se pose sérieusement la nécessité d'un débat sur ce qu'est une vraie Assemblée représentative de la souveraineté du peuple, et quel pouvoir pour cette Assemblée. Il faut redonner la parole au peuple pour qu'il définisse lui-même la forme et le contenu des institutions dont-il a besoin pour exercer sa souveraineté.
Quels sont les projets de loi que vous comptez présenter à l'APN?
Déjà, concernant la révision de la loi électorale, nous avons introduit plusieurs fois des amendements qui concernent, entre autres, le respect du mandat par le député, l'arrêt du nomadisme dans l'Assemblée, le droit de pétitionner...La suppression des mandats de l'émigration fera partie de nos propositions, parce qu'ils sont virtuels et basés sur le communautarisme qui guette.
Nous réintroduirons nos amendements à la loi 90/14, concernant l'article 87 bis, l'interdiction du travail des enfants et l'exécution des décisions de justice portant réintégration des travailleurs. Nous comptons proposer l'abrogation de la loi portant privatisation des entreprises approuvée en 1995 par le CNT. Nous avons de nombreuses propositions réalisables qui touchent à différentes questions politiques, économiques et sociales qui comptent parmi les vingt engagements des candidats du Parti des travailleurs.
Que pense le PT de la reconduction du même gouvernement?
Elle traduit le maintien du même équilibre précaire qui régit les rapports au niveau de l'Etat depuis 1999 et qui est à l'origine des contradictions flagrantes sur les plans économique et politique. C'est aussi le même rapport sur fond de décomposition, qui s'exprime dans l'Assemblée. Or, tout équilibre qui dure longtemps peut rompre à tout moment.
C'est l'une des raisons de l'abstention, car les citoyennes et les citoyens entendent un discours et apprennent ensuite des décisions contraires. Chose qui démontre que nous sommes toujours dans l'impasse. Il faut ouvrir des perspectives à la Nation et au peuple algérien. Nous avons, néanmoins, relevé quelques aspects que nous considérons positifs comme le transfert de l'emploi du ministère de la Solidarité vers le ministère du Travail.
Cela fait partie, en fait, de nos revendications. Le travail n'était plus un droit mais de la charité ou de l'humanitaire et c'est extrêmement dangereux. Nous avons aussi relevé que dans ce gouvernement, il n'y a plus de ministère de la Participation, mais plutôt un ministère de la Promotion de l'investissement et de l'Industrie. Selon la presse, dans le projet de stratégie industrielle déposé sur le bureau du président de la République, est préconisée la dissolution des SGP et leur remplacement par un Conseil de l'industrie. Or, tout le monde sait que nous n'avons pas cessé d'appeler à la dissolution de ce ministère, ainsi que du CPE et des SGP créés pour tout privatiser et pour fermer les entreprises. Cette modification, signifie-t-elle que monsieur Temmar ne peut plus interférer dans les prérogatives des autres ministères, que le rouleau compresseur des privatisations/fermeture des entreprises sera stoppé? Nous attendons le programme du gouvernement et le document portant stratégie industrielle, pour juger.
M.Belkhadem a présenté son programme. Est-ce que le PT a été sollicité ou consulté dans ce sens?
Non. Cela n'a d'ailleurs jamais été le cas. Mais nos positions et nos préoccupations sont connues et M.Belkhadem a déclaré qu'il était prêt à travailler ensemble sur les questions de la souveraineté nationale et sur les problèmes sociaux. Nous espérons qu'il y aura des réponses concrètes aux attentes des citoyens pour empêcher la fracture définitive. Nous avons pris connaissance, dans la presse, des grandes lignes du programme du gouvernement. Nous y avons relevé de bonnes intentions, concernant l'amélioration des conditions de vie, le chômage...Mais, cela reste vague dans la mesure où n'apparaît pas clairement l'option économique et que les mécanismes ne sont pas définis...Nous étudierons le projet de programme avec tout le sens de la responsabilité que nous dictent aussi bien le respect de notre mandat que la préservation du tissu social et donc de la nation.
Pour notre part, nous comptons utiliser tous les instruments et les mécanismes de l'Assemblée pour porter les aspirations du peuple. Nous avons déjà de nombreux dossiers et des centaines de lettres de différentes wilayas. Nous sommes en train de les traiter et à chaque fois c'est l'emploi, le logement et les salaires qui reviennent comme revendications.
On connaît votre position sur la révision de la Constitution. A votre avis, elle doit émaner des députés des partis ou bien du gouvernement?
Ces derniers temps nous sommes très prudents par rapport aux informations publiées dans une partie de la presse. Nous avons l'impression qu'il y a une volonté d'emballer notre pays. La révision de la Constitution avait été annoncée l'année dernière mais elle n'a pas eu lieu. Lorsque cette question a été introduite, nous avions saisi le président de la République. Nous avons porté nos préoccupations sur les questions que nous considérons prioritaires dans une Constitution qui s'oriente vers la stabilité et la démocratie. Pour nous, la révision de la Constitution doit faire l'objet d'un débat national le plus large, dans le respect des points de vue, pour que le texte qui en sortira permette à chaque Algérien de se reconnaître dedans. Pour notre part, nous sommes pour une Assemblée constituante. Une telle Assemblée détentrice de tous les pouvoirs devrait être habilitée à débattre de la Constitution, à la réviser, à en élaborer une nouvelle. C'est notre combat et c'est notre point de vue. Mais ce n'est pas à prendre ou à laisser, nous n'avons pas cette politique d'ultimatum et sectaire. Nous cherchons des solutions algériennes et le plus important, déjà à nos yeux, c'est que l'Etat algérien reste intègre, souverain et qu'on puisse réaliser d'autres avancées.
Vous êtes pour un régime présidentiel ou parlementaire?
Nous sommes pour une Assemblée constituante souveraine qui désigne le gouvernement et qui décide de la politique à mettre en oeuvre. Une Assemblée composée de députés contrôlables et révocables.
Vous avez appelé au report des élections locales et ce report a été confirmé. Quel commentaire faites-vous?
C'est une bonne nouvelle, car à notre avis, la première urgence consiste à répondre positivement au message porté par le taux d'abstention qui est pour nous un appel à la rescousse. D'autre part, c'est inconcevable de faire une campagne électorale durant le mois d'août. Déjà, pour les Algériens du Sud, il n'est ni logique ni sérieux de maintenir le même dispositif que celui du Nord du fait de la chaleur. Aussi, il faut aménager la réglementation et permettre que les meetings soient organisés le soir. Septembre coïncide, également, avec la rentrée sociale et scolaire avec tout ce que cela suppose comme stress pour les parents. C'est la raison pour laquelle nous avons appelé à ce que des mesures soient prises pour que les élections locales soient reportées après le Ramadhan. La décision du report est donc positive, raisonnable et sage.
Que compte faire le PT pour ce rendez-vous, sachant que les choses se sont bien déroulées pour votre parti durant les législatives?
Nous avons consacré les réunions du comité central et du conseil national au bilan des législatives, qu'il s'agit de parachever avant d'ouvrir la discussion sur les locales parce que nous avons énormément d'adhésions dans toutes les wilayas. La structuration des adhérents et les résolutions du congrès ont été discutées.
En 1997, nos listes aux locales avaient été invalidées aux deux tiers par décision politique centrale. Nous avons décidé de nous retirer de toute l'opération. En 2002, nous avons opté pour les APW uniquement. Nous mesurons donc tous les aspects, avant de trancher sur la question. La discussion qui est ouverte sur la révision de la loi électorale, sur le statut des élus locaux, leurs prérogatives, est dans ce sens déterminante en relation avec, notamment, la situation sociale, la question des dettes des communes et l'aide que l'Etat doit apporter pour que les élus puissent jouer leur rôle et pour mettre fin à la corruption et à la décomposition.
Vous avez annoncé après les législatives qu'on vous a enlevé un siège à Sétif, accusant certains de vouloir déstabiliser le groupe parlementaire du PT. Pouvez-vous nous en dire plus?
En réalité, les résultats officiels attribués au Parti des travailleurs ne reflètent en aucun cas sa véritable place ni le nombre réel de sièges qu'il a obtenu, sauf à Alger où il a obtenu 10 sièges le plaçant en deuxième position. Personne ne peut concevoir ni croire que le Parti des travailleurs n'a pas eu de sièges à Sétif. Au contraire, nous savons que nous en avons eu plus qu'un. Les éléments en notre possession démontrent que la confusion faisait partie du plan qu'un centre d'intérêts hostile à nos positions a mis en oeuvre sur le plan local, pour éliminer le Parti des travailleurs dans plusieurs wilayas. Nous avons déposé des recours fondés sur le fond et dans la forme.
Nous avons remarqué qu'il y a eu une tentative d'écarter la plupart des membres de la direction du parti qui étaient candidats. Nous pensons que l'objectif était de fragiliser le groupe parlementaire du PT. Sauf que, non seulement la continuité est assurée dans le groupe, mais tous les députés du PT sont des militants qui ont de l'expérience dans le parti et qui maîtrisent parfaitement sa ligne politique. Nous avons compris le message. Nous y avons répondu par des mesures politiques. Il y a eu, également, une cabale qui a été dirigée contre le PT à cause de ses positions en défense de la souveraineté nationale et dont le relais est principalement un journaliste de la presse privée qui, non seulement s'est immiscé dans les affaires du Parti des travailleurs en lui attribuant une identité qui n'est pas la sienne, mais a carrément décrété que l'administration a gratifié le Parti des travailleurs de ses 21 sièges en 2002 et ses 26 sièges en 2007 le tout dans des propos injurieux.
Ce journaliste est furieux parce que le Parti des travailleurs a progressé, ce qui confirme la popularité grandissante de ses positions, et lui reproche violemment de ne pas se conformer à la nouvelle conception de l'opposition, c'est-à-dire, une opposition antinationale, qui pratique le mercenariat au service d'intérêts étrangers, comme celle qui a été utilisée pour l'occupation de l'Irak ou celle qui, au Liban, agit dans le cadre du Club Welchien mis en place et financé par M.Welch, pour la mise en oeuvre du NMO US.
Cette dérive qui est le produit du GMO dont le Mepi est un instrument, n'entamera en rien notre détermination à militer pour la liberté de la presse.
Quels sont ces partis qui veulent déstabiliser le PT?
Je pense qu'ils se reconnaîtront d'eux-mêmes, je ne leur ferai pas de publicité d'autant qu'il y en a au moins un qui n'attend que cela. Nous savons qu'ils nous réservent un place prépondérante dans leurs réunions et y compris leurs plans d'intervention. C'est très étrange qu'un parti cherche à soudoyer des militants du Parti des travailleurs pour les mettre sur ses listes ou comme représentants de wilayas alors que ses positions sont à l'opposé des nôtres et qu'un autre nous réserve sa campagne électorale comme si, nous attaquer était la raison de son existence. Mais cela ne nous empêche pas de lutter franchement en défense de la démocratie politique, du multipartisme.
Quant au week-end «Mittal Steel», cela se discute.
L'idée, en elle-même, mérite d'être discutée, en relation avec les intérêts de notre économie, il est, cependant inadmissible et intolérable qu'une multinationale se permette de violer les lois de la République, d'autant qu'il s'agit d'une question de souveraineté. Se taire devant ce fait accompli, c'est ouvrir la voie à toutes les ingérences.


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