Un travail cinématographique impressionnant vient d'être finalisé en l'honneur de l'auteur de la célèbre chanson Aghuru. Pour immortaliser le parcours et l'oeuvre du chantre kabyle, Matoub Lounès, des initiatives émergent par-ci, par-là, afin de ressusciter l'artiste. En effet, un travail cinématographique impressionnant vient d'être finalisé en l'honneur de l'auteur de la célèbre chanson Aghuru. Il s'agit d'un film intitulé Le Rebelle et l'ironie du sort réalisé par le jeune scénariste Mokrane Hammar qui a mis en relief la vie et l'itinéraire de Matoub. «Le feu a failli ravager tout le village, l'artisan n'était autre qu'un enfant de cinq ans. Le feu fût éteint, c'est le cessez-le-feu mais la guerre froide congèle les frontières algéro-marocaines où se trouvait le rebelle qui refusait toute soumission. Il laissait libre cours à sa voix, son unique arme, ses propos n'ont épargné personne, encore moins les gens de la nomenklatura. Il disait tout haut ce que les autres pensaient tout bas. L'Algérie à feu et à sang. L'étincelle a atteint tout le monde et le peuple souffrait en silence. La voix du rebelle fut éteinte pendant quinze jours car il a été kidnappé et ses ravisseurs laissaient entendre qu'ils allaient l'exécuter avant de le libérer, enfin. Des frères allument le feu. Une grosse fumée s'y dégage. Le monde entier observe ces frères qui se brûlent sans souffler mot. Le pays est assis sur un brasier. La maison Algérie brûle. Le rebelle prend sa revanche sur la situation et appelle au secours. Il accuse, il pleure l'Algérie, il crie...le rebelle fut assassiné», peut-on lire dans le synopsis qui résume le contenu de ce long métrage de 65 minutes qui a été tourné en Kabylie, à Alger et en France sous l'égide de l'association Amezgoun N'djerdjer et avec une contribution financière du Haut commissariat à l'amazighité. «La rigueur et l'exactitude font de ce film une oeuvre beaucoup plus proche du document historique que de la fiction». L'autobiographie de Lounès Matoub, tient dans cette oeuvre, le rôle de la référence majeure. «Une autre référence et non des moindres est la présence récurrente, tout au long du film, de Na Aldjia, la mère de Matoub, qui intervient souvent pour, parfois authentifier, parfois apporter l'éclairage nécessaire à la bonne compréhension de la complexe personnalité de son fils», nous explique le réalisateur qui précise, en outre, que le film commence par «l'enfance tumultueuse durant la guerre d'Algérie et les précoces démêlés de Lounès avec la justice puis se déroule la suite des événements: le Service national avec déjà le refus d'obéir à l'ordre de combattre nos frères marocains, la prison en France, les blessures physiques et morales qui sont restées ancrées en lui jusqu'à sa mort.» En somme, ajoute le réalisateur, «le film montre, à travers, la vie de Lounès, la complexité de la société kabyle, ses tiraillements et pourtant il y a la possibilité d'union». Par ailleurs, Mokrane Hammar estime que «le film gagne beaucoup artistiquement» du fait qu'il s'agit de l'adaptation d'une pièce théâtrale maintes fois présentée, et qui rend les dialogues plus fluides. Enfin, notons que l'avant-première de ce long métrage sera projetée à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, le 25 juin, date du 9e anniversaire de l'assassinat de Matoub Lounès.