L'Instant Mémoire revient avec une nouvelle expo odorante, haute en couleur et surtout en courbes... Qui ne connaît pas le design, ce terme si in et si cher aux plasticiens? Pour Jaoudet Gassouma, journaliste, artiste-peintre, «le design est une spécialité artistique manipulée par des fous qui ont du temps pour parler au verre, au plastique, au bois. Ces artistes parlent aux objets qu'ils créent dans un langage mystérieux qu'ils sont les seuls à connaître. Ils disent souvent «Génial !!!» et sont heureux face à une table ou un vase bizarre. Jusqu'à aujourd'hui, seuls les designers comprennent les designers, attention, il faut leur parler à voix basse, car ils risquent de s'énerver et de ne plus créer des belles choses artistiques pour améliorer not'vie de tous les jours. Le Dizajn est donc probablement un art de plus, pratiqué par des joyeux lurons qui se triturent les méninges pour donner aux autres le bonheur d'un objet...tout simplement différent». Voilà qui est dit et bien résumé. Mais encore, ajoute ce drôle de zigoto de Joe, «que ceux qui ne connaissent pas le cri de la table quand elle a bien mangé, le soupir du lampadaire quand il s'éteint pour dormir ou le rire du luminaire quand on lui change de lampe, viennent faire un tour pour rencontrer le Dizajn, cet étrange personnage qui habite dans la tête des designers. Ces artistes travaillent dans un grand cirque et ils apprivoisent tous les jours, le merre, le pois, le sétal et le glastique pour faire pleurer le fer, pour rendre beau le plastique et pour que le verre se mette à aimer la limonade...Les dizajners se mettent souvent à plusieurs, pour monter leurs travaux sur l'amélioration de la situation artistique des buisines, des calons et des shambres à moucher. On leur doit, de nombreux objets qui servent à beaucoup plus de choses qu'à rien...» Et des designers, cela existe en Algérie. Il suffit de bien regarder. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'un tour à faire au cercle Frantz Fanon de Riadh El-Feth. 24 designers algériens y exposent leurs créations dans le cadre de «l'Instant Mémoire», 10 ans déjà ! en commémoration de la disparition de Ahmed et Rabah Asselah. Un événement organisé par l'association Anissa Culture Action «Mémoire» et le groupe Essebaghine qui s'étalera jusqu'au 25 mars. Dimanche après-midi a eu lieu le vernissage de cette exposition odorante, haute en couleurs et surtout en courbes esthétiques harmonieuses et gracieuses. Ambiance vaporeuse et intime. Dès qu'on pénètre dans cet antre du design, une impulsion chargée de volupté et de quiétude vous submerge. Vous êtes conviés à participer à l'expo en déposant des fleurs roses à côté des objets. A l'entrée, une table sur laquelle est disposée une assiette d'oranges et de mandarines puis de petites bougies qui finissent pas donner à ce décor édénique tout son aura psychédélique. Des voiles de couleur saumon enveloppent tout en séparant les objets exposés. On s'y promène avec délicatesse comme dans un royaume de pureté. «Ils ont bien travaillé. On n'a pas l'impression qu'ils ont fait ça à Alger», dit une dame. Et pourtant, c'est le défi des designers algériens qui veille à satisfaire notre regard. On y découvre des sièges sans accoudoirs, d'autres, avec du fil de pêche. Des tables avec comme supports, du fer forgé à l'image d'un «chromosome», aussi des services de table qui s'inspirent de la «dentelle», des «vases kangourou» de la poterie en céramique aux finitions originales, des lampadaires en aluminium, des rocking-chairs très stylisés ou encore une meïda à double hauteur avec des possibilités de positions, basse ou repliée, des porte-manteaux en bois dits «ma p'tite dame» d'inspiration africaine, qui reflètent la silhouette d'une femme (tête en miroir)...Bigarrés ou fleuris, ces objets exposés démontrent si besoin est, tout le talent et le mérite de leur créateur dont le savoir-faire mérite d'être connu, reconnu et développé sur le marché algérien. Cela est un enjeu capital pour l'économie algérienne. Cette exposition imprégnée de poésie et d'imagination est à découvrir absolument!