Le gouvernement réussira-t-il à faire, en deux ans, ce qu'il n'a pas réalisé en huit ans? Les prix des fruits et légumes flambent. La pomme de terre se vend à 60DA, la tomate est cédée à 70DA, le poivron à 90DA. L'agriculture coûte cher aux citoyens, et excessivement cher à l'Etat qui lui a consacré 399,7 milliards de dinars de 2000 à 2006. L'heure du bilan a sonné, et le gouvernement n'est pas très déçu des résultats. Les différents programmes engagés depuis huit ans, à leur tête le très célèbre Pndar «ont enregistré d'importants progrès», défend M.Abdelaziz Belkhadem dans son programme qui sera présenté au Parlement, samedi. La mise en oeuvre du Plan national de développement agricole et rural, Pndar a permis à l'agriculture «de renouer avec l'investissement et d'amorcer une croissance appréciable depuis 2000 considérant les importants crédits que l'Etat lui a consacrés». Le chef du gouvernement apprécie le travail de son ministre chargé du secteur. Tant mieux pour lui. Mais sur le terrain, les Algériens peinent à ressentir les fruits de ses efforts. La copie de Belkhadem persiste dans l'affirmation que le gouvernement «a réussi le pari de renforcer et d'élargir le potentiel productif», sans pour autant présenter un bilan chiffré «de ce progrès». L'on se targue aussi de la mise à niveau des exploitations agricoles, de l'utilisation rationnelle et de la protection des ressources naturelles. Et, à ce niveau, rien ne sera changé, aucune révision n'est envisagée du programme agricole. Mieux, le gouvernement tentera «de consolider et de renforcer les résultats enregistrés», et promet que le secteur continue de bénéficier du soutien de l'Etat «pour poursuivre son développement et sa modernisation». Les objectifs stratégiques assignés par le gouvernement à l'agriculture visent l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays par le renforcement de l'offre en produits agricoles. Le gouvernement réussira-t-il à faire, en deux ans, ce qu'il n'a pas réalisé en huit ans? Sauf un miracle, la mission s'annonce déjà comme impossible. L'Algérie reste dépendante d'une manière quasi totale du marché international. De 2007 à 2009, le gouvernement passera à une autre étape. Il veillera à doter l'agriculture d'une loi d'orientation agricole pour son développement. Des aides sont prévues en direction des exploitations agricoles pour la poursuite de leur mise à niveau et pour améliorer leurs performances. Le gouvernement accordera une importance particulière à la filière lait, en mettant en place un Office national interprofessionnel du lait, Onil, en vue de renforcer le programme de développement, c'est le cas pour la culture de la pomme de terre. «Nous allons procéder, précise le programme, à la levée des contraintes auxquelles est confrontée la filière en amont (intrant) et en aval (conditionnement, chambre froide, circuits de commercialisation).» Malheureusement, le même discours est prononcé depuis plusieurs années. Le ministre de l'Agriculture persiste que le problème se situe au niveau du ministère du Commerce. «La régulation du marché ne dépend pas de mon sort» défend-il. Le ministre promet dans ce programme de poursuivre «sérieusement» sa stratégie, qui se basera aussi sur la mise en valeur des terres par l'extension des superficies cultivées sur les nouveaux périmètres identifiés (500.000ha) à raison de 100.000ha/an. Le dispositif de prévention et de lutte contre le péril acridien sera maintenu en fonction des nécessités du terrain. «La collaboration dans ce domaine avec les pays frontaliers et les institutions spécialisées de l'ONU sera poursuivie et développée», conclut le programme.