Pour les archs, la mise en place de ces deux institutions doit être assortie d´ un contenu conséquent en moyens humains et matériels L'annonce de la création de deux institutions pour tamazight a, certes, retenu l'attention de tous en Kabylie aussi bien les intellectuels, les anciens membres du MCB que les citoyens qui sont dans un wait and see. Les gens disent vouloir juger sur pièces. Vingt-sept ans après le Printemps amazigh, et douze ans après la grève du cartable, l'Algérie vient de décider, officiellement, de l'institution d'une académie algérienne de langue amazighe. Le fait est d'importance, car, pour une fois, et sans que les populations intéressées aient recours à la rue, la langue et la culture amazighes ont droit de cité. Certes, depuis l'introduction en 2002 de l'article 3 bis dans la Constitution, tamazight est devenue une langue nationale. Approchés, des militants de la première heure du grand mouvement culturel berbère qui, cependant, s'expriment à titre individuel car personne ne nous a désignés pour être les représentants de telle ou telle chapelle. Ainsi s'expriment certains militants qui sont intervenus à titre personnel en disant que pour le moment rien n'est encore clair, il est urgent d'attendre. Certes, c'est là une avancée mais encore faut-il savoir quelle sera la composante de cette académie et de ce conseil et savoir si ces derniers ne seront pas en définitive de simples appendices administratifs servant une politique politicienne. Sollicités pour donner leur avis sur la chose, des citoyens diront que “finalement le pouvoir a compris que tamazight est la langue de ce pays avant tout autre et, assurer son développement scientifique c'est en somme assurer l'avenir de ce peuple. Pour d'autres, qui refusent de sortir de l'anonymat, car ils disent ne pas pouvoir s'exprimer au nom du MCB qui n'a pas encore tenu de séminaire, il est urgent d'attendre pour d'abord voir le contenu de cette institution avant de se prononcer. Les gens sollicités et non des moindres, ayant appartenu au grand mouvement culturel, ont montré toute leur curiosité mais aussi leur réserve. L'un d'entre eux dira que «cette question ne saurait se régler par décret, il fallait juste institutionnaliser les instruments et laisser les scientifiques faire.» Tamazight n'a pas vraiment besoin de décision unilatérale et quand bien même cette institution est la bienvenue, il y a ce vieux réflexe chez les gens, en effet, les citoyens pensent que la logique de l'octroi cache en réalité bien des choses, diront des citoyens rencontrés à Tizi Ouzou. Ainsi et pour l'heure, les anciens animateurs du MCB et principalement ceux ayant encadré les commissions nationales...se refusent à donner un point de vue, pensant qu'il est encore trop tôt pour porter un jugement de valeur sur une structure dont on ne sait encore rien. Enfin, les archs ont, quant à eux, du moins l'aile proche d'Abrika, rendu public un communiqué dans lequel après avoir applaudi à la naissance de cette structure, précisent néanmoins, que la mise en place de ces deux institutions doit être impérativement assortie d´un contenu conséquent en moyens humains de qualité et matériels à même de leur permettre de réaliser pleinement et de manière autonome et indépendante leurs missions et objectifs.