«Notre plus grande frustration est de voir le public suffoquer dans cette salle ou encore les réalisateurs se désoler parce que leurs films ne passent pas dans de bonnes conditions...» L'Expression: Quel bilan faites -vous de ces 5e Rencontres? Abdenour Hochiche: Le bilan des 5es Rencontres est des plus positifs à plus d'un titre, à commencer par le fait qu'il n'est jamais évident. Les conditions, d'une manière générale, ne sont pas faite pour pérenniser l'événement culturel chez nous. Il faut constamment aller au charbon. Pour revenir au bilan, il y a lieu de le situer à plusieurs niveaux; tout ce qui concerne l'association et son organisation se fait plutôt comme on le prévoit et comme on le veut. Nous détenons la forme voulue pour cette manifestation et nous sommes en train de construire le fond, parce qu' il faut dire que le fond se construit au contact des autres et dans l'échange que nous pouvons avoir, d'année en année, avec les partenaires des rencontres. L'autre niveau concerne tout ce que l'association Project'Heurts ne détient pas ou plus exactement ce qui nous dépasse, à savoir le côté technique des projections, notamment. Il est inconcevable de recevoir encore des spectateurs dans une salle telle que celle de Béjaïa où aucune commodité n'est offerte, je ne parle pas uniquement des moyens de projections qui datent du début des années 70, il y a aussi toutes les autres conditions qui font défaut (siègerie, climatisation, sanitaires...). La salle est bien située, la ville de Béjaïa est belle, les conditions humaines sont réunies pour que cette ville puisse accueillir un grand événement cinématographique à condition que les moyens suivent. La frustration la plus grande, nous la vivons lorsque nous voyons le public suffoquer dans cette salle ou encore les réalisateurs se désoler parce que leurs films ne passent pas dans de bonnes conditions. Vous êtes tout de même satisfait par cette nouvelle édition? Nous avons beaucoup de sources de satisfaction, à commencer par l'afflux des jeunes pour aider dans l'organisation de cet événement. Cet afflux est déjà une prise de conscience de la part de ces jeunes de l'importance d'un engagement en faveur d'une action culturelle. Cela donne aussi un sens à leur vie. Il y a lieu aussi de rappeler que nous avons maintenu les projections dans les cités universitaires et l'adhésion des étudiants en dépit du fait qu'ils étaient en période d'examens. Pour continuer dans les satisfactions, je voudrais ajouter quelque chose de vraiment significatif, ce sont les rendez-vous quotidiens entre les réalisateurs et le public à la Casbah de Béjaïa. Ces rendez-vous sont très importants parce qu'au-delà du cinéma, la tradition de discuter autour d'un café reviens petit à petit grâce, justement, aux rencontres cinématographiques. Cette année, nous avons initié des projections en début de soirée parce que nous considérons qu'à cette période de l'année, les projections, le soir, sont meilleures, et nous avons été agréablement surpris par le public qui a répondu à cette programmation, cela augure d'un avenir meilleur pour les rencontres, surtout si les conditions techniques et matérielles au niveau de la salle sont réunies... D'aucuns s'interrogent sur la séparation Project'Heurts/Kaina Cinéma. Pourriez-vous nous éclairer là-dessus? Le partenariat avec Kaïna est des plus bénéfiques pour les deux associations je pense. La séparation est due à une divergence sur les dates de la tenue des rencontres, Project'Heurts voulait maintenir cette période de l'année, puisque nous sommes en train d'essayer de pérenniser cette manifestation et la première des conditions pour arriver à cet objectif, est de maintenir la période de la tenue des rencontres. Pourquoi Tarik Teguia n'était-il pas présent à la projection de son film? Tarik Teguia n'a pas assisté à la projection de son film parce qu'il était retenu par d'autres rendez-vous prévus avant que les rencontres ne l'invitent, néanmoins, Teguia nous a fait l'honneur d'envoyer son film pour que le public des rencontres puisse quand même le voir. J'espère que Teguia sera avec nous pour les prochaines éditions des rencontres avec d'autres films. On croit savoir que Project'Heurts a décidé, cette année, de poursuivre son action en proposant des ateliers de formation, et ce, tout au long de l'année. Qu'en est-il vraiment? Effectivement, nous comptons poursuivre et mettre en place un système de formation et d'ateliers qui va se poursuivre durant toute l'année (en sessions) pour pouvoir capitaliser les efforts fournis pendant les rencontres et continuer le travail avec les mêmes groupes, de sorte à former des stagiaires sur une année et plusieurs sessions (de rencontre à rencontre).