Outre la «déperdition du patrimoine culturel arabe», il sera question, dans ce congrès, de lutter contre le pillage de cette musique par les nouveaux moyens technologiques... C'est avec abnégation que le 19e congrès de l'Académie arabe de la musique se poursuit jusqu'au 27 juin à l'hôtel Sheraton. Placé sous le haut patronage du président de la République, cet événement réunit de nombreux spécialistes en la matière. Organisée cette année en Algérie, pays membre de cette structure depuis sa création, il y a 63 ans, au Caire en 1932, par le docteur Ahmed El Hanafi, cette manifestation est placée aussi sous l'égide de «Alger, capitale de la culture arabe». Le dernier rendez-vous algérien en date avait eu lieu en 2001 et avait trait à la musique andalouse. Genre sur lequel est revenu la ministre de la Culture Khalida Toumi lors de l'ouverture samedi, de ce congrès, affilié à l'université des pays arabes et dont la tenue se tient tous les deux ans. Aussi, l'intérêt induit par cette manifestation actuelle placée sous le signe de la protection de la propriété intellectuelle à travers les nouvelles technologies en média et communication, est non seulement de réunir les terminologies et concepts musicaux arabes, mais surtout de faire connaître leur diversité et différences dans le monde arabe. Dans une allocution prononcée lors de l'ouverture des travaux du 19e congrès de l'Observatoire arabe de musique, Mme Toumi est revenue sur la nécessité d'écrire le patrimoine musical andalou selon «les critères scientifiques en vigueur dans le monde» en vue de sa préservation. Car fera-t-elle remarquer en substance: «Les pays arabes accusent un retard considérable dans ce domaine», indiquant que le patrimoine arabe fait l'objet de destruction et de pillage eu égard à l'invasion des technologies de l'information et de la communication dans tous les domaines. Pour sa part, le directeur de l'Office national des droits d'auteurs et des droits voisins (Onda), M.Hakim Taousar, a indiqué que la musique arabe «a tendance à perdre du terrain en raison de l'émergence de la chanson commerciale, ce qui ne manquera pas d'avoir des répercussions négatives sur les prochaines générations d'artistes». M.Taoussar parlera de «la codification» comme moyen de protection de la propriété intellectuelle. Il mettra aussi l'accent sur le rôle qui incombe à la société civile afin de venir en aide aux créateurs. Le directeur de l'Institut du monde arabe de Paris (France), M.Mokhtar Taleb Bendiab a, de son côté, souligné la nécessité d'«adapter la musique arabe aux tendances modernes, notamment dans le domaine de la chanson, sans, toutefois, négliger le patrimoine musical arabe antique». Il exhortera aussi les artistes à redoubler d'effort afin de préserver à travers leurs oeuvres, la véritable «image du monde arabo- musulman». Apres avoir donné un aperçu de son établissement depuis sa création et le rôle qu'il joue dans le façonnage de l'image et la culture du citoyen arabe, la présidente de l'Académie arabe de la musique, le Dr Ratiba Al-Hafni, a appelé les nouvelles générations à «demeurer attachées à leur patrimoine culturel et spirituel pour éviter la déperdition de la musique arabe» face à la modernité et l'occidentalisation galopante. Il faut noter que parallèlement à ce congrès, plusieurs soirées artistiques réunissant des troupes musicales algériennes et arabes sont prévues. A l'issue de ce congrès, des artistes seront honorés. Outre les conférences scientifiques et académiques, les soirées de ce congrès sont en effet une occasion pour présenter des concerts de musique mixtes animés à la salle El Mougar par des ensembles d'Algérie et d'autres pays arabes (l'Egypte, la Jordanie, la Tunisie, le Liban et le Maroc). Il s'agit des résidences de création consacrées à la musique classique universelle (les Orchestres symphoniques national et égyptien), aux arts populaires (la troupe d'El-Hodna de M'sila et la troupe jordanienne de musique populaire), à la musique spirituelle (les troupes El-Ferda de Béchar et Cherbel Rouhana du Liban), à la musique actuelle et enfin à la musique andalouse (l'Orchestre national de musique andalouse et l'Association marocaine Chabab El Andalous).